Jérusalem, berceau des religions et symbole de la discorde israélo-palestinienne

Des Israéliens manifestent "contre l'occupation" devant la nouvelle ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, le 14 mai 2018. - Ahmad Gharabli - AFP
Le 6 décembre dernier, Donald Trump annonçait la reconnaissance officielle de Jérusalem comme capitale de l'Etat d'Israël par les Etats-Unis, et par la même occasion le transfert de l'ambassade américaine, jusqu'alors installée à Tel-Aviv.
Une décision historique, assurée de mettre le feu aux poudres dans une région déjà fortement agitée par les tensions entre Palestiniens et Israéliens, et condamnée quelques semaines plus tard à une large majorité par l'assemblée générale des Nations Unies.
Jérusalem cristallise en effet les enjeux modernes du conflit israélo-palestinien depuis plusieurs décennies.
Jérusalem d'abord sous contrôle international
Dès 1947, un plan approuvé par l'ONU prévoit la partition de la Palestine, alors sous mandat britannique, en un État juif et un État arabe. Jérusalem est placée sous contrôle international, le plan est accepté par les dirigeants sionistes mais rejeté par les leaders arabes.
Après le départ des Britanniques et à l'issue de la première guerre israélo-arabe, l'Etat d'Israël est créé en 1948. Il fait de Jérusalem-Ouest sa capitale en 1949. Jérusalem-Est reste sous contrôle de la Jordanie.
Annexion de Jérusalem-Est par Israël
- Mais en 1967, Israël s'empare de Jérusalem-Est et l'annexe. Les Israéliens disent avoir "réunifié" la ville, ce qu'ils entérinent en adoptant en 1980 une loi fondamentale qui désigne Jérusalem comme capitale "éternelle et indivisible" d'Israël.
Mais le Conseil de sécurité de l'ONU déclare la loi "nulle et non avenue", et appelle tous les Etats qui ont établi leur mission diplomatique à Jérusalem à l'en retirer. Les Nations unies considèrent Jérusalem-Est comme occupée par Israël et estime que les ambassades ne doivent pas résider à Jérusalem en attendant que le statut de la ville soit réglé par des négociations entre les parties palestinienne et israélienne.
C'est pourquoi l'annonce de Donald Trump, qui découle en réalité d'une loi américaine datant de 1995 qui établit que "Jérusalem devrait être reconnue capitale de l'État d'Israël", est considérée par les Israéliens comme la reconnaissance d'une réalité historique.
Jérusalem revendiquée par les Palestiniens
Les juifs considèrent en effet Jérusalem comme leur capitale depuis plus de 3 000 ans. Après la destruction du Second temple en 70 par les Romains et la dispersion du peuple juif, le judaïsme a toujours évoqué un retour à Jérusalem. "L'an prochain à Jérusalem" est une incantation centrale de cette religion.
Les Palestiniens, qui représentent plus du tiers de la population de la ville, revendiquent Jérusalem comme la capitale de l'Etat auquel ils aspirent. Pour la direction palestinienne, l'initiative américaine représente le summum du parti pris pro-israélien de l'administration Trump et viole le droit international.
Elle discrédite les Etats-Unis dans le rôle de médiateur de paix, disent-ils. Le président palestinien Mahmoud Abbas a suspendu les relations avec les officiels américains.
Ce lundi, jour de l'inauguration de l'ambassade américaine à Jérusalem, Donald Trump a affirmé dans une vidéo que son pays était "pleinement" engagé pour la paix entre Israéliens et Palestiniens.
A une centaine de kilomètres de la ville sainte, dans la bande de Gaza, au moins 52 Palestiniens ont été tués par des soldats israéliens près de la frontière. Des dizaines de milliers de personnes manifestaient contre le transfert de l'ambassade américaine.