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Moyen-Orient

Ils épousaient leur victime: au Liban, bientôt la fin de l'impunité pour les violeurs?

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - AFP

Les violeurs ne pourront peut-être plus se marier avec leur victime afin d'échapper aux poursuites judiciaires. Au Liban, une commission parlementaire envisage d'abroger cette loi.

Ils pouvaient épouser leur victime et ainsi ne pas être poursuivis. Mais cela sera peut-être bientôt du passé. La commission parlementaire libanaise de l'Administration et de la justice s'est réunie début décembre pour examiner une proposition de loi qui pourrait mettre un terme à cette pratique, rapporte TV5 monde

L'article 522 du code pénal libanais exonère en effet un violeur de toute condamnation s'il épouse sa victime - une disposition qui existait au Maroc jusqu'en 2014.

"Une robe blanche n'efface pas un viol"

Un sujet qui émeut au Pays du cèdre. L'association Abaad, qui se bat pour les droits des femmes, s'est récemment mobilisée contre cette tolérance vis-à-vis du violeur qui inflige une double peine à la victime. Elle a lancé une campagne vidéo sur les réseaux sociaux et d'affichage dénonçant ce texte de loi. Accompagnés des slogan et hashtag: "Une robe blanche n'efface pas un viol" et #undress522, pour "déshabillez le 522".

La campagne met en scène une jeune femme violée et contusionnée, recouverte progressivement de compresses et bandes blanches, pour finalement apparaître en robe de mariée. "Le film commence par un viol et se termine par un autre", a expliqué la réalisatrice du clip, rapporte TV5 monde.

La mobilisation a dépassé les frontières libanaises. Une universitaire algérienne a applaudi la campagne de communication d'Abaad, relayant l'initiative sur les réseaux sociaux.

"La commission s'oriente vers l'abrogation de l'article 522"

L'Orient le jour, quotidien francophone de Beyrouth, a salué cette initiative, un "coup de poing dans nos lois d'un autre temps qui sévissent encore, et qui donnent toutes les excuses et le droit aux auteurs de viol de persévérer dans l'inadmissible".

La commission a finalement annoncé vouloir faire évoluer le droit. "La commission parlementaire de l'Administration et de la justice s'oriente vers l'abrogation de l'article 522 du code pénal", a déclaré son président. Mais le dernier mot reviendra au Parlement. D'ici le vote, Abaad a d'ores et déjà annoncé qu'elle continuerait de se mobiliser.

Céline Hussonnois-Alaya