Escalade militaire entre Israël et l'Iran: l'inquiétude de la communauté internationale

Des chars israéliens sur le plateau du Golan, le 10 mai 2018 - JALAA MAREY / AFP
L'escalade militaire inédite entre Israël et l'Iran sur le théâtre syrien a alarmé la communauté internationale face au danger d'une guerre ouverte même si les deux pays ennemis disent vouloir éviter un embrasement dans la région. Avant l'aube ce jeudi, Israël a mené des dizaines de raids aériens meurtriers contre des cibles présentées comme iraniennes en Syrie voisine, affirmant riposter à des tirs de roquettes iraniennes contre la partie du plateau du Golan sous son contrôle.
Si leur paternité était confirmée, ces tirs de roquettes seraient une première attaque directe de la part de l'Iran contre des positions israéliennes dans la confrontation à distance depuis des décennies entre les deux pays. La riposte israélienne est quant à elle d'une ampleur exceptionnelle en Syrie depuis le début de la guerre civile dans ce pays en 2011.
Pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l'Iran a franchi une "ligne rouge". "Notre réaction a été en conséquence. (L'armée) a mené une attaque de grande envergure contre des objectifs iraniens en Syrie", a-t-il déclaré sur Twitter.
Le président iranien Hassan Rohani a quant à lui affirmé que son pays ne voulait pas de "nouvelles tensions" au Moyen-Orient, soulignant que "l'Iran a toujours cherché à faire baisser les tensions".
Une escalade "extrêmement inquiétante"
Dans un contexte d'incertitudes et de tensions régionales avivées par la décision du président Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, le patron de l'ONU Antonio Guterres a demandé "un arrêt immédiat de tous les actes hostiles afin d'éviter une nouvelle conflagration". L'Union européenne a elle appelé à la retenue face à une escalade "extrêmement inquiétante". Londres, Paris et Moscou aussi.
"L'escalade des dernières heures nous montre qu'il y va vraisemblablement de la guerre ou de la paix", a prévenu Angela Merkel, dont le pays a dénoncé les "attaques iraniennes" et soutenu le droit d'Israël à se défendre.
Selon les Israéliens, al-Qods, la brigade iranienne pour les opérations extérieures, a tiré peu après minuit une vingtaine de roquettes de type Fajr et Grad vers les premières positions sur la partie du Golan occupée par Israël. Quatre projectiles ont été interceptés et les autres sont tombés "en dehors d'Israël", a affirmé l'armée. Il n'y a pas eu de victimes. L'aviation israélienne a frappé le lance-roquettes d'où étaient partis les projectiles, dans la périphérie de Damas, ainsi qu'environ 70 cibles militaires iraniennes, sites de renseignement, de logistique, de stockage, postes d'observation en Syrie.
23 combattants tués
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les missiles israéliens ont touché des bases au sud-ouest de Homs (centre), ainsi qu'à Mouadamiyat al-Cham à l'ouest de Damas, "où se trouvent des combattants iraniens ainsi que du Hezbollah libanais et de la 4e brigade" de l'armée syrienne. Les frappes ont tué 23 combattants prorégime, dont 18 étrangers, a précisé l'ONG.