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Moyen-Orient

Covid-19: le Liban impose un confinement total de 11 jours

L'Hôpital Rafic Hariri à Beyrouth le 5 janvier 2021

L'Hôpital Rafic Hariri à Beyrouth le 5 janvier 2021 - JOSEPH EID © 2019 AFP

Les Libanais ne pourront donc pas sortir de chez eux pendant cette période, même pas pour faire des courses alimentaires, faire de l'exercice ou promener leur animal domestique.

Des restrictions drastiques. Le Liban impose à partir de ce jeudi un couvre-feu total pendant onze jours avec également une limitation des vols en provenance de pays considérés à haut risque, pour tenter d'endiguer la propagation en flèche du nouveau coronavirus.

"Il est interdit de sortir dans la rue et sur les routes entre 5 heures du matin le jeudi 14 janvier 2021 et 5 heures du matin le lundi 25 janvier", selon un communiqué diffusé lundi à l'issue d'une réunion du Conseil supérieur de la défense.

Les Libanais ne pourront donc pas sortir de chez eux pendant cette période, même pas pour faire des courses alimentaires, faire de l'exercice ou promener leur animal domestique. Quelques exceptions sont prévues pour le personnel de santé, les journalistes, des employés du secteur alimentaire et d'autres travailleurs jugés essentiels.

Les supermarchés ne feront que des livraisons. Des rumeurs concernant leur possible fermeture totale a provoqué un vent de panique à travers le pays, des foules dévalisant certains rayons. Les frontières terrestres et maritimes seront aussi fermées à tous les voyageurs pendant ces onze jours, sauf à disposer d'un visa ad hoc.

Une "tragédie"

Le pays faisait déjà l'objet d'une mesure de confinement depuis le 7 janvier, avec un couvre-feu nocturne à partir de 18 heures. Ce renforcement des restrictions intervient après la multiplication d'appels de responsables des services de santé pour des mesures plus strictes face à la saturation des hôpitaux.

Des patients ont dû attendre ces derniers jours pendant des heures aux services d'urgences avant d'obtenir un lit en soins intensifs. Certains ont même été contraints de se faire soigner à domicile ou dans leur voiture.

Les réseaux sociaux pullulent de photos, vidéos, témoignages, souvent poignants, et d'appels désespérés à l'aide.

"La tragédie à laquelle nous assistons dans les hôpitaux nécessite des mesures drastiques", avait déclaré le président Michel Aoun, plus tôt dans la journée.

Le système de santé au bord de "l'effondrement"

Selon le Premier ministre démissionnaire Hassan Diab, l'épidémie est "hors de contrôle" et le système de santé risque l'"effondrement".

Les hôpitaux privés, qui représentent plus de 80% du secteur hospitalier libanais, sont désormais contraints d'augmenter la capacité de leurs unités de soins intensifs pour porter une plus grande part du fardeau.

Toujours dans l'attente du paiement d'arriérés par l'État, certains d'entre eux rechignaient à accueillir des patients atteints du Covid-19 ou à accroitre leur capacité d'accueil.

Forte hausse des contaminations

Le petit pays de six millions d'habitants a recensé lundi 222.391 cas, dont 1629 morts. Et il a battu des records des derniers jours, enregistrant vendredi un pic de 5440 nouvelles contaminations.

Avec une hausse de 70% des cas par rapport à la semaine précédente, le Liban fait désormais partie des pays connaissant l'une des plus fortes progressions au monde, selon les chiffres compilés par l'AFP. Il arrive derrière des pays comme le Portugal (+73%), le Nigeria (+77) et l'Irlande (+190%).

La crise sanitaire vient s'y greffer à la pire crise économique du pays depuis des décennies, qui a doublé le taux de pauvreté, selon l'ONU. "C'est l'enfer", titrait en Une lundi le quotidien local Al-Akhbar.

M.D. avec AFP