Afghanistan: les Talibans aux portes de Kaboul, la capitale

Les Talibans ont reçu l'ordre de rester aux portes de Kaboul et de ne pas entrer dans la capitale de l'Afghanistan, a annoncé ce dimanche un de leurs porte-parole, même si des combattants insurgés ont été aperçus par des habitants en banlieue éloignée.
"L'Émirat islamique ordonne à toutes ses forces d'attendre aux portes de Kaboul, de ne pas essayer d'entrer dans la ville", a annoncé sur twitter Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans.
Des combattants armés "mais pas de combats"
Des habitants ont cependant affirmé avoir aperçu des insurgés dans la banlieue éloignée de la capitale, encerclée et où la panique commençait à gagner.
"Il y a des combattants talibans armés dans notre quartier, mais il n'y a pas de combats", a déclaré un habitant d'une banlieue située à l'est de la capitale.
Les insurgés s'étaient emparés sans résistance dimanche de la ville de Jalalabad (est), quelques heures après avoir pris Mazar-i-Sharif, la quatrième plus grande ville afghane et le principal centre urbain du nord du pays.
"Ne paniquez pas, Kaboul est en sécurité", a tenté de rassurer sur Twitter Matin Bek, le chef de cabinet du président Ashraf Ghani. "Nous nous sommes réveillés ce matin avec les drapeaux blancs des talibans partout en ville. Ils sont dans la ville. Ils sont entrés sans combattre", a déclaré Ahmad Wali, un habitant de Jalalabad.
En à peine dix jours, les talibans, qui avaient lancé leur offensive en mai à la faveur du début du retrait final des troupes américaines et étrangères, ont pris le contrôle de la grande majorité du pays.
Une déroute totale
Une poignée de villes mineures sont encore sous le contrôle du gouvernement. Mais elles sont dispersées et coupées de la capitale, et n'ont plus une grande valeur stratégique.
La déroute est totale pour les forces de sécurité afghanes, pourtant financées pendant 20 ans à coups de centaines de milliards de dollars par les Etats-Unis, et pour le gouvernement du président Ashraf Ghani. Celui-ci se retrouve sans autre option que de devoir choisir entre capituler et démissionner, ou poursuivre le combat pour sauver Kaboul, au risque d'être responsable d'un bain de sang.
"Il serait presque impossible pour (Ghani) de rallier les forces de sécurité pour défendre Kaboul. Toutes perspectives de combat dans la ville elle-même déclencheraient une catastrophe humanitaire majeure", a déclaré Ibraheem Thurial Bahiss, un consultant de l'International Crisis Group (ICG), estimant que le pression devait monter sur le chef de l'État pour qu'il démissionne.