Afghanistan: destruction d'un hôpital, MSF pointe une action meurtrière

Le général américain John Campbell (le second depuis la gauche) déplie un drapeau lors d'une cérémonie de fin de mission de la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf), dimanche 28 décembre 2014 à Kaboul - Shah Marai - AFP
Médecins sans Frontières a publié ce jeudi un rapport décrivant avec force détails macabres le raid américain qui a fait 30 morts contre son hôpital de Kunduz en Afghanistan, destiné à "tuer et détruire" selon l'ONG. Dans ce document présenté à Kaboul, un peu plus d'un mois après le raid, MSF assure qu'aucun combattant armé n'était dans l'établissement au moment de l'attaque.
>Aucuns combattants armés dans l'hôpital
Les frappes ont commencé "entre 2h et 2h08 du matin" dans la nuit du 2 au 3 octobre et se sont poursuivies pendant environ une heure, souligne MSF dans ce rapport. Malgré l'heure tardive, "l'hôpital tournait à plein régime" pour soigner les victimes des affrontements qui opposaient les rebelles talibans à l'armée afghane pour le contrôle de Kunduz, grande ville du nord de l'Afghanistan. Lorsque les premières bombes sont tombées, "entre 3 et 4 patients étaient des soldats de l'armée et environ une vingtaine des talibans", souligne l'ONG, mais "aucun combattant armé" conformément à ses statuts.
>Un raid meutrier: "pour tuer et détruire"
Selon Christopher Stokes, directeur général de MSF, le raid était destiné à "tuer et détruire". Pour preuve, ces "tirs, provenant sans doute de l'avion, qui visaient des gens qui tentaient de s'enfuir de l'hôpital", décrits dans le rapport. "Un employé de MSF a été décapité par des débris provenant des bombardements", souligne encore le rapport. La controverse porte sur la responsabilité des donneurs d'ordre. Le général américain John Campbell, chef de la mission de l'Otan en Afghanistan, a reconnu que la frappe était américaine, mais qu'elle avait été réclamée par l'armée afghane.
>Trois enquêtes en cours
Cette dernière se dit persuadée que des talibans se cachaient dans le bâtiment. Mais MSF affirme que ses équipes avaient transmis les coordonnées GPS de l'hôpital aux armées afghane et américaine avant le raid et qu'elle a prévenu les états-majors dès que les premières bombes sont tombées. Or l'ONG dit avoir reçu à 2h52, soit près d'une heure après le début du raid, un SMS d'un responsable de l'Otan lui disant qu'il était "désolé" d'apprendre que l'hôpital était bombardé. Sept minutes plus tard, un autre SMS d'un responsable de l'Otan informait MSF qu'il ferait "de (son) mieux. Je prie pour vous".
Trois enquêtes, une américaine, une afghane et une de l'Otan, sont en cours. Mais en préambule au rapport, Joanne Liu, la présidente de MSF, réclame de nouveau une "commission internationale humanitaire" pour faire la lumière.