MH370: que cherchent les experts?

Ils veulent déterminer l'origine du débris et sa possible appartenance au vol MH370. Experts et enquêteurs ont entamé ce mercredi après-midi à Toulouse les analyses du fragment d'aile de Boeing retrouvé à La Réunion. Le caisson contenant le débris sera ouvert en début d'après-midi dans un laboratoire de la Direction générale de l'armement-Techniques aéronautiques (DGA-TA) de Balma, dans la banlieue de Toulouse. Une nouvelle étape qui permettra peut-être d'apporter pour la première fois des réponses définitives sur la disparition du MH370.
De quel type d'avion le débris provient-il?
Depuis sa découverte sur une plage réunionnaise mercredi dernier, plus d'un an après la disparition du vol MH370, le volet d'aile d'avion appelé flaperon, a été officiellement identifié comme un morceau d'un Boeing 777. La probabilité qu'il s'agisse du vol MH370 est donc réelle: aucun autre accident aérien n'a impliqué ce type d'appareil dans cette région du monde.
Les enquêteurs vont vérifier la nature de la pièce en fonction d'un éventuel numéro de série, des plans demandés au constructeur, des matériaux utilisés, des procédés de fabrication... Le fragment porte notamment l'inscription "657BB", qui indique selon plusieurs experts qu'il s'agit bien d'un flaperon de B777. "La découverte d'un numéro de série ou de maintenance permettrait immédiatement d'identifier cette pièce comme provenant bien de cet avion MH370", développe Jean-Paul Troadec ancien directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) sur BFMTV.
Les traces de peintures vont parler
L'analyse de traces de peinture et de certaines inscriptions devrait également éclairer les enquêteurs. "Chaque compagnie aérienne peint ses avions d'une certaine façon et on doit pouvoir identifier que c'est bien une peinture provenant de Malaysia Airlines", explique Jean-Paul Troadec.
"La compagnie aérienne peut avoir ajouté des inscriptions (...) ça donne aussi une idée de l'origine de l'avion", ajoute Pierre Bascary, ancien directeur des essais à la DGA. Mais, même si on obtient bien la confirmation qu'il s'agit d'un fragment du MH370, "il s'agit d'un tout petit élément du puzzle de l'enquête", rappelle Jean-Paul Troadec.
Comment la pièce a-t-elle été abîmée?
La structure métallique de l'objet sera scrutée "avec les moyens modernes physiques et chimiques et notamment avec un microscope à balayage électronique qui peut grossir jusqu'à 100.000 fois", confie Pierre Bascary. Le but: étudier "les ruptures locales de la pièce", voir si elle a été abîmée par "des sollicitations exceptionnelles" ou par "la répétition d'un très grand nombre de sollicitations moins fortes", poursuit-il.
- Gérard Feldzer, consultant aéronautique pour BFMTV considère que cette étape permettra d'"essayer de déterminer les derniers instants de cet avion. Est-ce qu'il s'est volatilisé en vol? ou dispersé au contact avec l'eau? a-t-il essayé d'amerrir pour disparaître sans trace?".
"Avec juste un morceau de flaperon, cela va être compliqué, mais on pourra déjà répondre à une question fondamentale: est-ce que cet avion a été détruit en vol ou s'est-il désintégré en percutant la surface de l'océan?", confirme Jean Serrat, également consultant pour BFMTV.
De quelle zone de l'océan vient le débris?
Selon une source proche du dossier, l'expertise se concentrera d'abord sur les aspects techniques. L'étude des crustacés, des balanes qui ont élu domicile sur le flaperon, servira peu à l'identification du vol.
D'après certains chercheurs, l'espèce et l'âge de ces crustacés pourraient toutefois permettre de déterminer combien de temps la pièce d'avion a séjourné dans l'eau, la température de cette eau, par où elle a cheminé. Ce qui livrerait des indices sur une zone où relancer les recherches d'éventuels autres débris. Un espoir que ne partage pas forcément Jean-Paul Troadec qui estime qu'"on ne peut pas espérer de cet examen une précision sur la localisation de l'épave ou l'explication sur la raison pour laquelle cet avion a été détourné de sa trajectoire". "Cela ne changera pas la zone de recherche puisque cette pièce a séjourné dans l'eau et a dérivé depuis 17 mois", ajoute-t-il.
"C'est la plus grande énigme de l'histoire de l'aéronautique mondiale. Et ne même pas avoir le bout de la ficelle qu'on va pouvoir dérouler était extrêmement perturbant", se félicite Gérard Feldzer, consultant aéronautique pour BFMTV.