Martin Shkreli, "l'homme le plus détesté d'Amérique", condamné à sept ans de prison

Martin Shkreli au moment de son arrestation. - Andrew Burton - AFP
Il avait été surnommé "l'homme le plus détesté d'Amérique" pour avoir fait exploser le prix d'un médicament contre le sida: le jeune entrepreneur Martin Shkreli a été condamné vendredi à sept ans de prison par une juge new-yorkaise. Martin Shkreli, 34 ans, devenu avec son sourire volontiers narquois l'incarnation du cynisme supposé de l'industrie pharmaceutique, avait été condamné en août dernier pour fraude sur titres et manipulation d'actions après un procès devant le tribunal fédéral de Brooklyn.
Des faits sans lien avec la multiplication par 55 - de 13,5 à 750 dollars la pilule - du prix du médicament Daraprim, utilisé contre le paludisme et le sida, par sa société, Turing Pharmaceuticals, en 2015, mais qui lui ont valu une attention médiatique intense depuis son arrestation en décembre 2015.
Une personnalité étrange
Son avocat Ben Brafman, un ténor du barreau new-yorkais, avait plaidé auprès de la juge fédérale Kiyo Matsumoto pour une sentence limitée à 18 mois de prison pour ce personnage qu'il a décrit comme "un génie un peu autiste", un autodidacte capable d'innovations majeures dans le domaine pharmaceutique, selon certains de ses ex-collaborateurs. L'accusation avait elle réclamé un minimum de 15 ans de prison, arguant de son manque de remords et de son appétit pour l'auto-promotion, notamment sur les réseaux sociaux sur lesquels il a multiplié les déclarations provocantes ou bizarroïdes.
Dans une lettre envoyée la semaine dernière à la juge, plaidant pour la clémence, Martin Shkreli faisait pour la première fois son mea culpa, reconnaissant avoir été "un imbécile" et promettant d'utiliser désormais ses talents "pour le bien de l'humanité". Il assurait aussi être "une bonne personne avec beaucoup de potentiel." Mais ses remords, et ses larmes versées vendredi à l'audience, ont été trop tardifs pour lui éviter une peine de prison conséquente.
Même Ben Brafman a déclaré vendredi avoir eu envie parfois lui "mettre (son) poing dans la figure", tant il compliquait sa défense par son comportement, selon des journalistes présents à l'audience.