Manifestations dans plusieurs villes de Syrie, répression à Homs

par Khaled Yacoub Oweis
AMMAN (Reuters) - Des milliers de personnes ont manifesté dans la nuit de mardi à mercredi dans plusieurs villes de Syrie pour réclamer le départ de Bachar al Assad, dont les forces appuyées par des miliciens poursuivent leur répression à Homs, ont rapporté des activistes.
De vastes rassemblements ont notamment eu lieu à Bou Kamal et dans d'autres localités de la province orientale de Daïr az Zour, dans le faubourg damascène de Kaboune et dans d'autres villes du pays, ont dit des activistes.
A Homs, où les forces du régime interviennent à nouveau depuis le week-end, 16 nouveaux décès ont été signalés portant à 33 morts le bilan de la répression récemment engagée dans ce foyer de la contestation contre Bachar al Assad.
Parmi les personnes tuées mardi figurent dix participants aux funérailles de dix autres personnes tuées par les forces de sécurité la veille, ont rapporté les Comités de coordination locaux, un réseau d'opposants.
"Nous n'avons pas pu enterrer les martyrs dans le principal cimetière de la ville et nous nous sommes donc rabattus sur un plus petit cimetière près de la mosquée. C'est alors que des miliciens circulant en voiture ont commencé à nous tirer dessus", a déclaré un participant à ces obsèques, disant s'appeler Abdallah, interrogé au téléphone par Reuters.
Il a ajouté que les cadavres avaient été amenés à la mosquée Khaled Ibn al Walid à Khalidiya, un quartier sunnite dans l'est de la ville.
"Khalidiya est totalement assiégé par l'armée. Nous sommes coupés du reste de Homs", a-t-il dit.
Un autre habitant de Homs a déclaré: "Il y a des soldats et des véhicules blindés dans tous les quartiers. Les forces irrégulières qui les accompagnent sont des escadrons de la mort. Depuis l'aube, ils tirent au hasard avec des fusils et des mitrailleuses. Personne ne peut sortir de chez soi."
TENSIONS CONFESSIONNELLES
Des soldats et des chars sont intervenus une première fois en mai à Homs après des manifestations réclamant la chute du régime dans cette vile située à 165 km au nord de Damas.
De vives tensions sont récemment apparues dans cette ville entre la majorité sunnite et la minorité alaouite, à laquelle appartient la famille Assad. Homs est aussi la ville natale de l'épouse sunnite du chef de l'Etat, Asma.
Les opposants à Bachar al Assad accusent son régime d'avoir tenté de déclencher des affrontements confessionnels entre sunnites et alaouites au cours du week-end à Homs.
"Après avoir échoué dans sa tentative de déclencher une guerre civile confessionnelle, le régime intensifie ses opérations militaires pour réprimer les manifestations de masse à Homs", a déclaré à Reuters Rami Abdelrahman, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
Les autorités syriennes ont expulsé la plupart des journalistes étrangers et il est difficile de vérifier les affirmations des uns et des autres depuis le début en mars du soulèvement contre Bachar al Assad.
D'après les opposants au régime, la répression entreprise par l'armée, les forces de sécurité et les miliciens a coûté la vie à au moins 1.400 civils. Ils ajoutent que plus de 12.000 Syriens ayant refusé d'ouvrir le feu contre des civils ont été exécutés.
Les autorités syriennes imputent ces événements à des "groupes terroristes" bénéficiant de soutiens étrangers et elles font état d'au moins un demi-millier de militaires et de policiers tués depuis mars.
Bertrand Boucey pour le service français