Les magistrats nantais frustrés par la visite de Michel Mercier

Lors d'un déplacement à Nantes, le ministre de la Justice Michel Mercier (à gauche) a annoncé que les postes vacants du tribunal allaient être pourvus mais qu'il n'y aurait pas de recrutements supplémentaires, engendrant la frustration des personnels mis - -
Le ministre de la Justice a annoncé mercredi que les postes vacants du tribunal de Nantes allaient être pourvus mais qu'il n'y aurait pas de recrutements supplémentaires, engendrant la frustration des personnels mis en cause dans le suivi du meurtrier présumé de Laëtitia Perrais.
Magistrats et fonctionnaires de justice, qui ont accueilli Michel Mercier par une haie d'honneur silencieuse, avaient finalement été blanchis de toute faute individuelle par les inspections administratives. Mais ils dénoncent toujours le manque de moyens alloués à la justice française.
"Manifestement, Michel Mercier n'a pas encore le poids politique pour peser sur le ministre des Finances", a réagi Nicolas Léger, secrétaire national de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), après la rencontre du garde des Sceaux avec les syndicats.
"Nous attendons aujourd'hui un plan sérieux et pluriannuel de recrutement de magistrats et de fonctionnaires", a-t-il ajouté. "C'est évident que ce n'est pas porteur en terme électoral, car cela ne se verra que dans quelques années, mais c'est comme ça qu'on gagnera la guerre pour la sécurité de nos concitoyens.
Le secrétaire régional de la CGT Pénitentiaire, Alexis Grandhaie, a également fait part de sa "grande frustration".
"Le garde des Sceaux est venu les mains vides", a-t-il déploré.
"Il y a une déconnexion assez réelle entre les collègues, qui souffrent sur le terrain, et le ministre, qui vient nous parler méthodologie de travail".
Devant les journalistes, Michel Mercier a assumé "ne pas avoir de choses à sortir de sa poche".
"Je n'ai jamais prétendu venir les mains pleines", a déclaré le ministre à la presse. "Je ne conçois pas le rôle de l'Etat comme un distributeur de choses que l'on n'a pas. L'argent public, il faut bien le prendre quelque part.
"Je sais qu'il y a de graves problèmes, je sais aussi que l'Etat fait beaucoup d'efforts, mais aussi qu'il y a des dysfonctionnements auxquels il faut que l'on porte remède", a ajouté Michel Mercier. "Nous allons engager un dialogue national, qui peut déboucher sur des moyens supplémentaires mais aussi des réformes sur les méthodes de travail.
Michel Mercier avait annoncé la semaine dernière le limogeage du directeur interrégional des services pénitentiaires de Bretagne et des Pays de la Loire, suite à la publication du rapport d'inspection administrative sur les "dysfonctionnements" du suivi socio-judiciaire de Tony Meilhon, meurtrier présumé de Laëtitia Perrais.
Ce dernier a été mis en examen pour "enlèvement suivi de mort" de l'adolescente disparue près de Pornic (Loire-Atlantique), dont le corps a été retrouvé mutilé dans un étang.