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Le pèlerinage à La Mecque débute sur fond de tensions avec l'Iran

A la veille du pèlerinage, plus de deux millions de fidèles sont déjà à La Mecque, en Arabie Saoudite.

A la veille du pèlerinage, plus de deux millions de fidèles sont déjà à La Mecque, en Arabie Saoudite. - -

Le pèlerinage à La Mecque débute ce samedi dans une ambiance pesante. Plus de deux millions de fidèles affluent ce vendredi vers la ville sainte de la religion musulmane, marquée l'année dernière par une bousculade géante qui a causé la mort de 2.400 personnes.

Près de deux millions de fidèles affluent ce vendredi vers La Mecque, en Arabie saoudite, pour le grand pèlerinage annuel musulman, le hajj qui débute ce samedi 10 septembre. L'année dernière, le pèlerinage avait été marqué par une bousculade meurtrière qui alimente encore des tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran. 

Selon l'AFP, 2.400 personnes y ont perdu la vie. Un chiffre non reconnu par l'Arabie saoudite qui parle de 800 victimes tandis que l'Iran en compte presque 7.000.

64.000 Iraniens privés d'un des piliers de l'islam

Or, pour la première fois depuis 30 ans, les Iraniens, chiites, ne participeront au hajj en Arabie Saoudite, pays sunnite. En effet, les deux grands rivaux du Moyen-Orient n'ont pas réussi à trouver un accord sur l'organisation du pèlerinage. 64.000 musulmans iraniens sont ainsi privés de pèlerinage à La Mecque, l'un des cinq piliers de l'islam. 

Mercredi 7 septembre, le guide suprême iranien chiite, Ali Khamenei, a reçu les familles de 464 pèlerins morts lors du mouvement de foule il y a un an. Le guide suprême en a profité pour dénoncer violemment les conditions du hajj en Arabie saoudite:

"Cette catastrophe montre une nouvelle fois que cette descendance maudite ne mérite pas de gérer les lieux saints" de l'islam, a-t-il déclaré. De son côté le président iranien, Hassan Rohani, a ajouté que son pays "ne pardonnera(it) jamais pour le sang versé de ces martyrs".

Après le drame, Téhéran avait déjà accusé Ryad "d'incompétence" dans l'organisation du pèlerinage. Les deux responsables iraniens ont reproché aux dirigeants saoudiens de n’avoir jamais présenté d'"excuses" pour les morts de la catastrophe.

"Ceux-là ne sont pas des musulmans"

Une guerre des mots à laquelle se livre aussi le grand mufti d'Arabie saoudite, l'équivalent sunnite du guide suprême Khamenei, qui s'est empressé de répondre aux Iraniens: "Nous devons comprendre que ceux-là ne sont pas des musulmans (...). Leur hostilité envers les musulmans est ancienne, plus particulièrement envers les sunnites". 

Au-delà de la dispute sur le hajj, Téhéran et Ryad sont depuis des années engagés dans des luttes d'influence par procuration, notamment dans les conflits en cours au Yémen et en Syrie, et s'opposent sur toutes les crises régionales.

Des bracelets électroniques pour améliorer la sécurité

Cette année, Ryad affirme avoir amélioré l'organisation et la sécurité du grand pèlerinage annuel. Une mesure phare: des bracelets d'identification électronique pour les pèlerins. Si tous n'en seront pas dotés, il s'agit néanmoins d'une mesure qui rassure les croyants.

Ces bracelets de papier plastifié comportent un code-barre lisible par smartphone, fournissant l'identité, la nationalité et le lieu d'hébergement du pèlerin ainsi que le contact des responsables du groupe auquel il appartient. Par ailleurs, 800 caméras de surveillance supplémentaires ont été mises en place.

S'il est si difficile de comptabiliser les pèlerins ou de rester groupé avec son groupe, c'est que le hajj demande un parcours bien spécifique. Les fidèles, en surnombre, accèdent au site par des tunnels et des voies suspendues. Déjà en 2006, plus de 360 personnes avaient trouvé la mort, asphyxiées et piétinées. 

Un pèlerinage au parcours très codifié

Le premier jour, le fidèle doit effectuer sept rondes autour de la Kaaba, la grande construction cuboïde au sein de la masjid al-Haram, la Mosquée sacrée. Idéalement, le pèlerin touche et embrasse la pierre noire incrustée dans la Kaaba. 

Puis, le fidèle doit faire sept fois la marche entre Safa et Marwah, un parcours de 420 mètres dans un long couloir attenant à la mosquée. Il s'agit d'une marche en souvenir de l'épouse du prophète Abraham, en errance à la recherche d'eau pour son fils. Les pèlerins sont ensuite attendus au lieu dit "Mina", à quatre kilomètres de La Mecque pour faire les prières de l'après-midi, du soir et du matin.

A la tombée de la nuit, les fidèles se rendent sur la plaine de Mouzdalifa pour se préparer le lendemain à l'Aïd al-Adha. Cette cérémonie, l'avant dernière de la journée, consiste à immoler une bête en mémoire du prophète Abraham. Munis de pierres, les pèlerins se consacrent ensuite à la lapidation de stèles représentant Satan.

Marine Henriot