Le baromètre des éditorialistes: Poutine "a intérêt à se rapprocher" de l'Europe

Ulysse Gosset, éditorialiste politique étrangère pour BFMTV - BFMTV
Deux jours pour resserrer les liens. Ce vendredi, second jour de sa visite officielle en Russie, Emmanuel Macron a donné une conférence de presse à l'occasion du Forum économique de Saint-Pétersbourg. Au lendemain de son allocution conjointe avec le chef d'État russe, durant laquelle il a mis en avant sa volonté "d'avancer" avec son homologue malgré leurs divergences (sur la Syrie, l'Ukraine...), Emmanuel Macron a renouvelé ces vœux.
Principal point de convergence avec Poutine: l'accord sur le nucléaire iranien, que les deux dirigeants souhaitent préserver malgré le retrait des États-Unis. Mais chacun nourrit également des ambitions personnelles: pour Poutine, il s'agit d'améliorer son économie. Et Macron, avec les nombreuses prises de parole de ces derniers jours, souhaite expliquer sa stratégie.
> Ulysse Gosset: "Poutine veut la fin des sanctions"
"Poutine veut absolument une chose, il veut la fin des sanctions, parce que son économie souffre et il a lui-même constaté (…) que le niveau de vie d’un certain nombre de Russes, à peu près 20 millions de personnes, était très bas. Sa priorité pour le nouveau mandat c’est de lutter contre la pauvreté. C’est dire que les sanctions et la gestion globale de l’économie russe n’est pas à la hauteur de l’enjeu et de la nouvelle puissance russe. (...) Il a intérêt à se rapprocher et comme il est très bon tacticien, il a bien vu l’opportunité qui se présentait à lui, avec les soubresauts et les coups d’éclat de Trump, notamment sur l’Iran. Il y a une brèche dans laquelle il s’engouffre en disant aux européens 'Marchons ensemble pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien, quelle que soit la volonté de Trump'.
Emmanuel Macron, de son côté, est prêt à certaines concessions: "Il est prêt d’une certaine manière à accepter la présence de bacha al-Assad en Syrie, il est prêt à faire des compromis sur l’Ukraine, il est prêt aussi à asseoir sa volonté de renouer avec la grande Russie, c’est-à-dire d’arrimer la Russie à l’Europe et donc le moment est important parce qu’il pourrait déclencher toute une série d’événements qui feraient qu’à terme, si la Russie fait les bons gestes, on pourrait renouer et avoir des relations normalisées. Mais c’est difficile."
>Thierry Arnaud: Macron veut devenir "l’interlocuteur de référence pour les grandes puissances"
Emmanuel Macron souhaite "installer l’idée des deux côtés de l’Atlantique, à Washington comme à Moscou, qu’il est l’interlocuteur de référence pour les grandes puissances quand on veut parler à l’Europe. C’était une des dimensions importantes de ce voyage, comme ça l’était évidemment à l’occasion du déplacement à Washington. Il a œuvré en ce sens, et d’une certaine manière les choses progressent. Mais si on fait un petit pas de côté, on voit quand même Emmanuel Macron tenir deux conférences de presse en deux jours, accorder une interview à BFMTV, pour parler des grands sujet internationaux.
Il considère important d’expliquer aux Français sa stratégie diplomatique, et d’expliquer pourquoi, depuis un an, on le voit autant s’agiter, faire des propositions aussi audacieuses, parcourir le monde (…) et en quoi c’est utile, et en quoi marche. C’est ça qu’il cherche à démontrer."