La Belgique avait arrêté la surveillance des frères Abdeslam cinq mois avant les attentats

On sait désormais comment les frères Abdeslam sont passés entre les mailles du filet. La Belgique a purement et simplement abandonné sa surveillance, faute de moyens.

Le rapport est accablant pour les forces de sécurité belges. Le Comité P, la police des polices belge, révèle dans une enquête que les frères Abdeslam étaient bien connus des services antiterroristes belges, mais que leur surveillance a été abandonnée cinq mois avant les attentats du 13 novembre.

Surveillés dès janvier 2015

Selon la RTBF qui a consulté le rapport du Comité P, la police belge soupçonne les frères Abdeslam de se radicaliser dès le mois de janvier 2015. Les policiers pensent qu'ils vont tenter de se rendre en Syrie et les interrogent tous les deux, à Molenbeek. Selon le Comité P, leur dossier est alors classé en catégorie 2, "à suivre quand on en a les moyens".

Seulement à l'époque, les services belges manquent de moyens. La cellule de Verviers vient d'être démantelée, et son meneur, Abdelhamid Abaaoud, est en fuite. Les Abdeslam sont alors étiquetés "rouge", comprendre "dossier à faire traiter par un autre service". Ils sont revus un peu plus tard par les policiers dans une affaire de stupéfiants. Saisis à leur domicile, plusieurs téléphones portables et un ordinateur attendent d'être analysés. En vain, comme le révèle le Comité P, qui note que tous les actes d'enquête nécessaires n'ont pas été réalisés.

Le dossier classé en juin

Quelques semaines plus tard, le parquet fédéral de Belgique établit que Brahim et Salah Abdeslam ne présentent pas plus de dangers que d'autres suspects et affirme qu'aucun élément ne permet de poursuivre une enquête approfondie sur eux. Leur dossier est classé, faute de moyens suffisants pour traquer tous les futurs terroristes.

Nous sommes cinq mois avant les attentats du 13 novembre, qui feront 130 morts et des dizaines de blessés. Brahim Abdeslam meurt le soir du 13 novembre, dans l'explosion de sa ceinture au Comptoir Voltaire, dans le 11e arrondissement de Paris. Son frère Salah, longtemps en cavale, sera finalement arrêté en Belgique le 18 mars.

Paul Aveline