L'armée syrienne frappe les environs de Damas

par Khaled Yacoub Oweis
AMMAN (Reuters) - L'armée syrienne, appuyée par des hélicoptères, est passée jeudi à l'offensive dans la localité de Daraya, à la périphérie sud-ouest de Damas, pour tenter d'écraser la rébellion contre le régime du président Bachar al Assad.
Artillerie et hélicoptères ont attaqué cette agglomération sunnite pendant 24 heures, tuant 15 personnes et en blessant 150, ont déclaré des membres de l'opposition à Damas.
Les forces loyalistes ont rencontré une faible résistance dans leur progression vers le centre-ville, les insurgés ayant visiblement quitté les lieux auparavant, a-t-on appris de même source.
D'autres militants de l'opposition ont déclaré que les forces d'Assad avaient pilonné une partie de Daraya à partir du mont Qassioun et d'une caserne de la Garde républicaine proche d'un palais présidentiel qui domine la capitale.
"Pendant environ une heure, nous avons entendu des explosions et des coups de feu", a déclaré le militant de l'opposition Samir al Chami à Reuters, précisant que les combats étaient moins intenses que la veille mais que la tension était toujours importante.
Dans la matinée, les troupes gouvernementales sont également intervenues dans le quartier de Kafr Sousseh où elles ont procédé à des arrestations.
L'armée a intensifié ses opérations à Damas et à Alep, la capitale économique du pays, depuis qu'une bombe a tué quatre membres de la garde rapprochée du président le 18 juillet.
Dans une vidéo mise en ligne sur le site YouTube, on peut voir les obsèques d'une mère et de ses cinq enfants, tués par des tirs d'obus, après le raid aérien mené par l'armée cette semaine sur la banlieue de Mouadamiya, selon des membres de l'opposition. Les corps étaient enveloppés dans des linceuls blancs, les visages des enfants exposés.
L'attaque de lundi à Mouadamiya a fait 86 morts, dont la moitié tués de sang-froid, toujours selon l'opposition.
DÉPART DU CHEF DE LA MISNUS
Toutes ces informations sont difficiles à vérifier étant données les restrictions qu'imposent les pouvoirs publics syriens aux médias indépendants.
Le régime de Damas affirme se battre contre des "terroristes armés" soutenus par l'Occident et les États arabes, qui souhaitent faire tomber Assad en raison de hostilité envers Israël et les Etats-Unis.
La diplomatie internationale n'est pas parvenue à freiner le conflit, qui a, selon les Nations unies, coûté la vie à 18.000 personnes depuis le début de la révolte en mars 2011.
Une soixantaine de personnes ont été tuées jeudi en Syrie, dont 48 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé à Londres et proche de l'opposition.
Le successeur de Kofi Annan, le diplomate algérien Lakhdar Brahimi, devait se rendre jeudi au siège new-yorkais des Nations unies pour une semaine de consultations, alors que le général sénégalais Babacar Gaye, chef des observateurs militaires de l'Onu (Misnus), devait quitter Damas le même jour. Le mandat de la Misnus n'a pas été renouvelé.
Le défi qui attend le nouveau médiateur international est immense compte tenu des dissensions qui, au sein du Conseil de sécurité, empêchent pour le moment toute intervention militaire.
Le conflit touche également les pays voisins, notamment le Liban où des heurts sporadiques entre sunnites et alaouites ont éclaté pour le quatrième jour consécutif à Tripoli, dans le nord du pays, faisant au moins 13 morts cette semaine.
Des responsables diplomatiques, militaires et des services de renseignements turcs et américains se sont réunis jeudi à Ankara pour tenter d'obtenir la création d'une zone tampon dans le nord de la Syrie. Ils souhaitent aussi des mesures visant à empêcher les militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit)) de tirer profit de l'insécurité régionale.
Agathe Machecourt pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet