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Guerre antidrogue aux Philippines: le président mobilise l'armée

La président philippin, Rodrigo Duterte, à Davao le 30 septembre 2016, peu après son arrivée d'une visite officielle au Vietnam.

La président philippin, Rodrigo Duterte, à Davao le 30 septembre 2016, peu après son arrivée d'une visite officielle au Vietnam. - MANMAN DEJETO - AFP

Le président philippin Rodrigo Duterte, engagé dans une guerre sans merci contre les consommateurs et les vendeurs de drogue, a annoncé la mobilisation de l'armée, pour palier les carences de la police, qu'il juge "corrompue".

Le président philippin Rodrigo Duterte a annoncé jeudi que l'armée jouerait un rôle de premier plan dans sa guerre meurtrière contre la drogue, promettant la mort à davantage de trafiquants et de consommateurs.

"J'engage les Forces armées des Philippines et je fais de la question de la drogue une menace pour la sécurité nationale, ainsi je ferai appel à l'aide de la totalité des forces armées", a déclaré le président, ajoutant qu'il ferait tuer davantage de toxicomanes, des "fils de pute".

Il s'agit des premières déclarations de Rodrigo Duterte depuis la publication mercredi par Amnesty International d'un rapport dans lequel l'ONG estime que ces meurtres sont peut-être assimilables à des crimes contre l'humanité.

La police "corrompue jusqu'à la moelle"

Depuis l'entrée en fonctions de Rodrigo Duterte fin juin, plus de 6.500 personnes ont été tuées.

Cette semaine, le président avait reconnu que la police (à laquelle était confié un rôle de premier plan dans cette guerre antidrogue) était "corrompue jusqu'à la moelle". Il avait annoncé que les policiers seraient désormais écartés des opérations.

Une série de scandales impliquant des officiers dans des affaires de meurtre, d'enlèvement, d'extorsion ou de rançon ont éclaté ces derniers temps. Les mis en cause se servaient de la guerre antidrogue comme couverture.

En particulier, des policiers des "stups" sont accusés d'avoir enlevé et tué un homme d'affaires sud-coréen dans le cadre d'une opération d'extorsion, selon l'enquête officielle. 

"Je vais en tuer plus"

Amnesty a accusé la police d'abus systématiques des droits de l'Homme, notamment le fait d'abattre des gens désarmés, de monter des preuves de toutes pièces, de payer des tiers pour assassiner des suspects et de voler les victimes. "Les policiers se comportent comme les criminels des bas-fonds auxquels ils sont censés faire respecter la loi", disait le rapport.

Mais Rodrigo Duterte a refusé de se laisser démonter et s'est lancé jeudi dans une tirade ponctuée de grossièretés contre ses opposants, rejetant les accusations de violations des droits de l'Homme.

Il a également livré une longue explication sur les problèmes des usagers de la méthamphétamine, substance hautement addictive, connue dans l'archipel sous le nom de shabu: "Et vous avez le coeur qui saigne pour ces fils de pute", a-t-il dit, estimant que 3.000 toxicomanes avaient été abattus jusqu'à présent. "Je vais en tuer plus. Ne serait-ce que pour être débarrassé de la drogue".

La police a annoncé avoir tué 2.555 personnes tandis que près de 4.000 autres sont mortes dans des circonstances non élucidées, selon les chiffres officiels.

G.D. avec AFP