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Frappes en Syrie: la Russie a-t-elle menti sur ses cibles?

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L'aviation russe a mené ses premières frappes en Syrie mercredi. Mais si Moscou affirme avoir visé Daesh, plusieurs responsables occidentaux émettent des doutes quant aux réels objectifs de ces bombardements.

Mercredi, la Russie a surpris en annonçant avoir mené des premières frappes en Syrie. Selon le ministère russe de la Défense, l'aviation russe a effectué vingt sorties aériennes et touché "huit cibles du groupe Etat islamique". Mais les objectifs de Moscou suscitent le doute.

Si la Russie assure que sa première frappe a visé Daesh, le chef de l'opposition syrienne en exil, Khaled Khoja, conteste: "les Russes ont frappé le nord de Homs aujourd'hui et tué 36 civils innocents dans des zones qui ont combattu et vaincu les jihadistes de l'Etat islamique", a-t-il affirmé depuis New York. Cinq enfants figurent parmi les victimes, selon lui. "Toutes les victimes sont des civils. Aucune ne fait partie des forces militaires. Donc il est tout à fait évident que l'intervention russe visait à soutenir le régime et créer une atmosphère encore plus chaotique en Syrie", a-t-il ajouté.

Homs et Hama, deux provinces loin de Daesh

Les positions géographiques des cibles de la Russie sèment elles aussi le doute. Les bombardements ont ciblé huit cibles dans les provinces d'Homs et d'Hama: deux provinces en partie aux mains des rebelles, loin des territoires contrôlés par Daesh. Il y a "des indications selon lesquelles les frappes russes n'ont pas visé Daesh", a déclaré à New York le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. Le ministre a d'ailleurs ajouté qu'il "faudrait vérifier quels étaient les objectifs" des avions russes.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, en marge du conseil de sécurité de l'ONU, les chefs de la diplomatie russe et américaine se sont livrés à un numéro d'équilibriste, entre conciliation et fermeté. "Sergueï Lavrov vient de décrire notre réunion, elle a été constructive", a ainsi lancé John Kerry devant la presse. Avant d'ajouter: "j'ai réitéré mes préoccupations. Elles concernent la nature des objectifs, le type de cibles et le besoin de clarté. C'est évidemment Daesh qui doit être visé. Nous sommes inquiets si ça n'est pas le cas".

Quelques heures plus tôt, il avait affirmé que Washington était disposé à accueillir les bombardements russes s'ils visent "réellement" Daesh. La Russie et les Etats-Unis ont aussi convenu d'une rencontre militaire pour éviter tout "incident" sur le terrain entre les avions de la coalition et ceux de l'armée russe.

A. K. avec AFP, vidéo: Rim Bey