Filiu : « Une nouvelle génération de Talibans »

Jean-Jacques Bourdin : Donc aujourd'hui Al-Qaïda est moins active parce qu'elle a pris beaucoup de coups, mais il faut savoir pour comprendre la différence entre sunnites et chiites. Chez Al-Qaïda ce sont des sunnites ?
Jean-Pierre Filiu : Ce sont tous des sunnites qui sont animés par une haine extrêmement violente pour les chiites, les minoritaires de l'Islam, qu'ils présentent comme des hérétiques et cette haine qui était théorique est devenue active et sanglante en Irak.
Jean-Jacques Bourdin : Pour bien comprendre il faut savoir que les iraniens sont des chiites, que les saoudiens sont des sunnites, que le monde musulman, dans sa grande majorité est sunnite, et qu'il y a cette minorité chiite que l'on trouve en Iran, où encore ?
Jean-Pierre Filiu : En Irak, où ils sont en majorité de la population, et au Pakistan où ils représentent 20% de la population, et aussi dans le plateau central d'Afghanistan où ils représentent 15% de la population.
Jean-Jacques Bourdin : Est-ce qu'aujourd'hui les Talibans qui sont en lutte contre les armées occidentales sont les mêmes que les Talibans qui étaient au pouvoir à Kaboul il y a quelques années ?
Jean-Pierre Filiu : D'abord, beaucoup de ceux qui étaient au pouvoir à Kaboul sont morts, tués dans les combats. La plupart de ces Talibans représentent une nouvelle génération, beaucoup plus nationaliste et beaucoup plus complexe avec Al-Qaïda. Les Talibans du Sud sont un mouvement relativement autonome, ce sont ceux que l'on entend le plus aujourd'hui, alors que ceux qui se trouvent dans l'Est du pays protègent et ont encore des liens avec Al Qaïda.