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République tchèque : les candidats atypiques de l’élection présidentielle

Tatoué des pieds à la tête, Vladimir Franz est le candidat le plus anticonformiste de cette élection présidentielle tchèque.

Tatoué des pieds à la tête, Vladimir Franz est le candidat le plus anticonformiste de cette élection présidentielle tchèque. - -

Les Tchèques s’apprêtent à se rendre aux urnes pour élire leur nouveau président, au suffrage universel direct. Une première dans le pays, depuis 1993 et la scission de la Tchécoslovaquie. Ils auront à choisir le successeur de Vaclav Klaus parmi neuf candidats, dont quatre plutôt atypiques.

En République tchèque, la première élection présidentielle au suffrage universel direct, dont le premier tour se tiendra ce week-end, devrait rester dans les mémoires.

Outre son caractère historique, puisque depuis 1993 le président était élu au suffrage indirect par le Parlement, le scrutin des 11 et 12 janvier se distingue par la présence de profils particulièrement atypiques parmi les candidats à la succession de Vaclav Klaus. Des profils qui ont d’ores et déjà gagné les faveurs de la population. BFMTV.com vous dresse leurs portraits.

Milos Zeman, le vieux routard de la politique

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Favori des sondages, Milos Zeman est bien connu du peuple tchèque puisqu’il a exercé un mandat de Premier ministre, de 1998 à 2002, sous la présidence de Vaclav Havel.

Ce social-démocrate de 68 ans, exclu du parti communiste en 1970 et partisan de l’économie sociale de marché, est une des figures de l’ère post-communiste dans le pays.

Son bagou et son vocabulaire fleuri ont également contribué à sa popularité. Ainsi, pour lui, les journalistes sont de la "camelote" et du "fumier" et la bière slovaque bonne à "laver les dentiers".

Bien que candidat malheureux à la présidentielle de 2003 - une défaite qui l'avait amené à s'éloigner de la vie politique - Milos Zeman est le candidat qui a rassemblé le plus de parrainages pour cette nouvelle élection. Déjà donné vainqueur par le public et les analystes politiques, il est cependant talonné de près par Jan Fischer.

Jan Fischer, l'homme de chiffres

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Egalement ancien Premier ministre, entre 2009 et 2010 (il dirigeait un gouvernement de transition), Jan Fischer a fait l’essentiel de sa carrière à la tête de l’Office tchèque des statistiques, à la vice-présidence puis à la présidence de l'institution.

Ce statisticien de formation, issu d’une famille de mathématiciens de confession juive, n’est pas affilié à un parti politique, bien qu’il ait été membre du parti communiste de 1980 à 1989.
C’est donc sous l’étiquette "indépendant" qu’il a mené l’ensemble de sa campagne électorale pour la présidence, se voulant le président de tous les Tchèques.

Mais si Jan Fischer suit de près Milos Zeman dans les sondages, le doublant parfois, cette absence de parti pris pourrait le faire échouer, certains Tchèques lui reprochant sa neutralité, qui contraste avec ses engagements communistes de jeunesse.

A noter que si Jan Fischer était élu, il deviendrait le premier chef d'Etat européen de confession juive (hormis Ruth Dreifuss, qui fut présidente de la Confédération suisse en 1999).

Vladimir Franz, l'artiste tatoué

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Vladimir Franz est sans conteste le candidat le plus insolite et le plus anticonformiste de cette élection présidentielle tchèque… voire de toutes les élections au monde. L’intéressé surprend en effet par ses tatouages, qui recouvrent l’intégralité de la surface de son corps, visage y compris, lui donnant de faux airs Maori : du jamais vu en politique.

Juriste de formation, Vladimir Franz est un artiste multiforme (peintre, plasticien, compositeur et professeur de théâtre), qui ne témoigne d’aucune expérience et d’aucun engagement politiques. Ce qui ne l’a pas empêché de réunir le troisième plus grand nombre de parrainages pour valider sa candidature.

Une candidature qu’il veut essentiellement porteuse d’un message d’espoir, en réponse aux désillusions de la société tchèque vis-à-vis de ses représentants politiques, qui ont généralement collaboré avec l’ancien régime communiste. Son discours et son physique l’ont fait devenir le candidat préféré des jeunes, qui lui ont créé une page Facebook, après avoir provoqué la fascination des médias. A deux jours du scrutin, Vladimir Franz se place en troisième position dans les sondages.

Karel Schwarzenberg, le prince

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Karel Schwarzenberg n’est pas tatoué - ou du moins n’en a pas l’air - mais détient le record du candidat au nom le plus long : Karl Johannes Nepomuk Josef Norbert Friedrich Antonius Wratislaw Mena zu Schwarzenberg. Rien d’étonnant toutefois, puisque celui qui est l’actuel ministre des Affaires étrangères du pays porte également un titre princier.

Agé de 75 ans, Karel Schwarzenberg descend en effet d’une longue lignée d’aristocrates. Il est aujourd’hui le chef de la maison princière de Schwarzenberg, implantée en Bohème (la région située à l’Ouest de la République tchèque) et porte le titre de "SAS le prince Karl VII zu Schwarzenberg".

Proche du président Vaclav Havel, dont il fut le Chancelier et le conseiller dans les années 1990, le prince, qui possède la double nationalité tchèque et suisse, se présente à la présidentielle sous l’étiquette du parti de centre-droit TOP 09, conservateur et libéral.

|||Vladimir Franz, 53 ans

  • Indépendant

  • Signe particulier : entièrement tatoué

  • Crédité de 11,4 % des suffrages

|||Karel Schwarzenberg, 75 ans

  • Libéral-conservateur

  • Signe particulier : prince

  • Crédité de 11 % des suffrages

||| Milos Zeman, 68 ans

  • Social-démocrate

  • Signe particulier : vétéran de la politique tchèque

  • Crédité de 25,1 % des suffrages (selon un sondage publié le 7 janvier)

||| Jan Fischer, 62 ans

• Indépendant

  • Signe particulier : ancien statisticien

  • Crédité de 20,1 % des suffrages