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Présidentielle en Autriche: l'extrême droite a séduit les ouvriers

Norbert Hofer, candidat du parti nationaliste FPO à la présidentielle en Autriche, le 19 mai 2016.

Norbert Hofer, candidat du parti nationaliste FPO à la présidentielle en Autriche, le 19 mai 2016. - Georg Hochmuth - APA - AFP

Norbert Hofer a frôlé la victoire à l'élection présidentielle autrichienne lundi. Un succès dû à son style policé et à une défiance de certains Autrichiens quant à la capacité européenne à gérer la crise des migrants.

D'une très courte tête, le candidat écologiste Alexander Van der Bellen a remporté lundi l'élection présidentielle en Autriche. Mais avec 31.000 voix d'avance, soit 50,3% des suffrages, la victoire symbolique était acquise avant même la proclamation des résultats officiels à l'extrême droite de Norbert Hofer. Avec cette courte défaite, le FPÖ réalise son meilleur score à un scrutin national, surfant sur la vague des migrants qui a vu 90.000 personnes demander l'asile dans le pays en 2015, soit plus de 1% de la population.

Conformément à la tradition en Autriche, aucun parti tiers n'avait donné de consigne de vote, mais de nombreuses personnalités, y compris des ténors des partis social-démocrate et conservateur au pouvoir, avaient indiqué qu'ils choisiraient Alexander Van der Bellen.

L'électeur type de Hofer est un ouvrier d'âge moyen

La une du quotidien Kurier affichait lundi un simple point d'interrogation au dessus des photos des deux candidats, qualifiant ce suspense de "thriller politique" et soulignant aussi les fractures de la société autrichienne que révèle le vote de dimanche.

Norbert Hofer, député affable et policé, s'est gardé des dérapages ouvertement xénophobes qui avaient fait la marque de son parti par le passé, axant son discours sur le pouvoir d'achat. Il a ainsi recueilli les suffrages de quasiment un électeur sur deux et s'est imposé dans la majorité des zones rurales.

Il a séduit la majorité des électeurs masculins (54%) et sans diplôme du second degré (58%). Anlexander Van der Bellen est pour sa part parvenu à séduire l'électorat jeune (56%) et les plus de 50 ans (51%). Le vote ouvrier est aussi très majoritairement allé vers Norbert Hofer (71%).

La question des réfugiés au cœur du clivage

Toutefois, pour les autres catégories, "on ne peut pas parler de fossé sociologique, les votes sont nuancés", relève Florian Oberhuber, de l'institut SORA.

"Le principal fossé est d'ordre politique, autour de questions comme l'Union européenne, les réfugiés, la confiance dans le système", estime le politologue Thomas Hofer.

Dimanche, Norbert Hofer, un ingénieur aéronautique de formation militant au FPÖ depuis sa jeunesse, avait promis de se "représenter dans six ans" s'il n'était pas élu. Il a principalement axé son discours sur l'emploi et le niveau de vie des Autrichiens, assurant qu'il n'entendait pas voir son pays quitter l'UE, à moins que la Turquie n'y adhère. Il avait promis dimanche de se "représenter dans six ans" s'il n'était pas élu.

Quelque 6,4 millions d'électeurs étaient appelés à désigner un successeur au social-démocrate Heinz Fischer. Les partis social-démocrate (SPÖ) et conservateur (ÖVP), au pouvoir depuis la Seconde guerre mondiale, ont subi une déroute historique au premier tour.

D. N. avec AFP