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Soutien appuyé des Européens à Monti face à Berlusconi

Silvio Berlusconi en avril 2011 sur l'île de Lampedusa, en Italie.

Silvio Berlusconi en avril 2011 sur l'île de Lampedusa, en Italie. - -

Désireux que l'Italie poursuive sur la voie des réformes, les partenaires européens de Mario Monti ont encouragé le dirigeant italien à se lancer dans la course électorale.

Désireux que l'Italie poursuive sur la voie des réformes, les partenaires européens de Mario Monti, de droite comme de gauche, ont encouragé à demi-mot le dirigeant italien à se lancer dans la course électorale en le soutenant face à son sulfureux prédécesseur Silvio Berlusconi.

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Quelques heures avant le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement européens à Bruxelles, Mario Monti a été reçu à la Commission européenne, avant d'être l'invité surprise d'une réunion des dirigeants conservateurs du Parti populaire européen (PPE), dont il n'est pourtant pas membre.

S'ils ont en quelque sorte "adoubé" le "Professeur", les dirigeants du PPE se sont gardés de l'appeler ouvertement à se présenter aux prochaines élections, afin de ne pas donner l'impression d'interférer dans les affaires intérieures italiennes.

Mario Monti, sans parti et à la tête d'un gouvernement de techniciens, a été invité à la dernière minute à cette réunion à laquelle participait notamment la chancelière allemande Angela Merkel, mais aussi son prédécesseur Silvio Berlusconi en tant que chef du PDL (Peuple de la liberté).

L'éternel retour

Le "Cavaliere" avait fait sensation en Italie en annonçant samedi dernier qu'il comptait se lancer pour la sixième fois dans une campagne pour le poste de chef du gouvernement. Mais à Bruxelles, il a confirmé son intention de faire machine arrière, annoncée la veille, estimant avoir "tellement d'autres choses à faire en dehors de la politique".

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"Si quelqu'un comme Mario Monti est disponible, s'il peut rassembler tous les modérés italiens, je serai content de ne pas être candidat à mon âge vénérable", a lancé aux journalistes M. Berlusconi, 76 ans, à sa sortie. "Je serai candidat seulement si c'est nécessaire", a-t-il dit, ajoutant: "J'ai tellement de choses à faire en dehors de la politique".

Autour de la table, la proposition "a été accueillie de manière positive par les chefs d'Etat et de gouvernement", a dit à l'AFP l'eurodéputé allemand Elmar Brok.

S'il est resté silencieux sur ses intentions, Mario Monti a toutefois souligné qu'il se sentait "membre de la famille", a indiqué un autre participant.

Ils ont été nombreux à saluer le "bon travail" du président du Conseil italien, et à dire "que nous voudrions voir cela continuer", a indiqué le Premier ministre finlandais Jyrki Katainen.

Des perspectives "peu sérieuses"

"Mais nous ne voulions pas le placer le dos au mur pour le forcer à dire quelque chose, parce qu'il était évident qu'il ne voulait rien dire", a-t-il poursuivi.

Selon une source gouvernementale allemande, Angela Merkel s'est bien gardée "de se prononcer sur des candidatures particulières".

Silvio Berlusconi est apparu un peu sur la touche, car "l'attention était focalisée sur Mario Monti", a raconté un autre participant sous couvert d'anonymat.

Ce qui n'a pas empêché le "Cavaliere" de prendre la parole à plusieurs reprises pour se défendre. "L'échange a permis de voir qu'il y avait des divergences de fond entre Mario Monti et Silvio Berlusconi", a commenté le Français Jean-François Copé, président proclamé de l'UMP.

En recevant dans la matinée Mario Monti, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avait adressé un avertissement à Silvio Berlusconi en lui demandant de penser à l'importance de la "stabilité" et des "réformes" pour l'Italie.

Après les conservateurs européens, le président français, le socialiste François Hollande, a lui aussi apporté jeudi un soutien très clair à Mario Monti, le dirigeant "qui a permis à l'Italie de se redresser".

Au moment où ce dernier arrivait au sommet, François Hollande est revenu sur ses pas pour le féliciter et, face aux caméras, lui serrer longuement la main.

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"Je ne pense pas qu'il y ait une perspective très sérieuse du côté de Silvio Berlusconi qui lui-même a semblé exclure sa candidature", a commenté M. Hollande à l'issue de la première journée du sommet: "Enfin, avec lui, ce qui est vrai un jour ne l'est pas forcément le lendemain".

In fine "ce seront les électeurs italiens qui vont résoudre le problème Berlusconi", a jugé le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz.