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Italie

Droits de douane: Giorgia Meloni en mission délicate auprès de Donald Trump à Washington

Giorgia Meloni et Donald Trump à Mar-A-Lago le 4 janvier 2025 à Palm Beach, en Floride.

Giorgia Meloni et Donald Trump à Mar-A-Lago le 4 janvier 2025 à Palm Beach, en Floride. - Filippo ATTILI / AFP

La Première ministre italienne, seule dirigeante de l'UE invitée à l'investiture de Donald Trump le 20 janvier dernier, rencontre le président américain ce jeudi 17 avril.

Avocate du "Made in Italy" mais pressée par Bruxelles de parler au nom de ses partenaires européens, la Première ministre italienne Giorgia Meloni doit rencontrer Donald Trump ce jeudi 17 avril à Washington pour une mission délicate sur les droits de douane.

Seule dirigeante de l'UE invitée à l'investiture du président américain le 20 janvier, la cheffe de la coalition ultraconservatrice au pouvoir à Rome a l'oreille du locataire de la Maison Blanche. Ils partagent un large socle idéologique, des restrictions à l'accès à l'avortement aux entraves à l'immigration, du credo chrétien au combat contre les "wokistes".

Inquiétude des partenaires européens

Les sépare néanmoins le dossier ukrainien: Giorgia Meloni, dépositaire d'une tradition anticommuniste ancrée dans le fascisme qui a forgé son atlantisme, compte au nombre des plus fervents soutiens de Kiev depuis l'invasion russe.

Tandis qu'elle a fustigé dimanche la "barbarie" en cours en Ukraine après la frappe russe sur la ville de Soumy qui a fait 35 morts, Donald Trump, tout en déplorant "une chose horrible", a repris à son compte l'argumentaire du Kremlin qui a invoqué une "erreur".

Surtout, avec les droits de douane punitifs annoncés par le président conservateur, s'est grippée une certaine idée du patriotisme économique que l'un et l'autre défendent dans un contexte d'échanges mondialisés.

Dépendante des exportations de son industrie, laquelle pèse près d'un quart de son PIB, Giorgia Meloni a critiqué ces droits de douane tout en jouant le dialogue et exhortant Bruxelles à ne pas prendre de mesures de rétorsion.

Son pas de deux et sa proximité avec Donald Trump inquiètent ses partenaires européens, à l'instar du ministre français de l'Industrie, Marc Ferracci, qui a dit craindre, à l'annonce de la visite de Giorgia Meloni à Washington, qu'elle ne fasse cavalier seul.

"Si nous commençons à avoir des discussions bilatérales, il est évident que cela brisera la dynamique actuelle", a-t-il averti la semaine dernière.

"Nous devons absolument éviter une guerre tarifaire"

"Je ne sens aucune pression", a plaisanté Giorgia Meloni mardi soir en marge d'une cérémonie devant des chefs d'entreprise. "Je suis consciente de ce que je représente et je suis consciente de ce que je défends."

L'Italie réalise plus de 10% de ses exportations vers les États-Unis, troisième partenaire commercial de la péninsule. 10% des exportations de l'Allemagne se font également aux États-Unis, et 7% des exportations françaises. Alors le mot d'ordre, à Rome, est à l'apaisement.

"Nous devons absolument éviter une guerre tarifaire", a plaidé le ministre de l'Industrie, Adolfo Urso, ajoutant que Giorgia Meloni chercherait à Washington à "convaincre tout le monde de la nécessité de discuter".

Message des Européens

La Commission européenne a aussi voulu rassurer. Sa présidente, Ursula von der Leyen, et la dirigeante italienne "sont en contact régulier", a assuré lundi une porte-parole à Bruxelles. "Elles ont été en contact à propos de cette mission, au cours des derniers jours, et elles seront en contact avant la mission".

Rappelant que la Commission est seule compétente en matière d'accords commerciaux, elle a insisté sur le fait que "toute démarche auprès des États-Unis est la bienvenue" et "étroitement coordonnée".

Selon un diplomate européen interrogé par l'AFP, "il n'y a aucun problème" dès lors que tout dirigeant du bloc se rendant à l'étranger "porte le message des Européens" pour "renforcer l'unité européenne".

Hormis Forza Italia, formation de droite libérale créée par Silvio Berlusconi, les deux autres partis de la coalition gouvernementale à Rome, Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni et La Ligue de Matteo Salvini sont de culture eurosceptique.

Giorgia Meloni a néanmoins mis de l'eau dans son vin depuis son arrivée aux affaires fin 2022, l'Italie étant le principal pays bénéficiaire du plan de relance post-pandémie de l'UE, avec près de 200 milliards d'euros de subventions et de prêts en échange de réformes d'ici 2026.

Sur sa droite, son vice-Premier ministre, Matteo Salvini, n'en finit pas, lui, de défendre Donald Trump contre "l'Allemande Ursula von der Leyen". "Aucune polémique pendant mon voyage", a mis en garde la dirigeante italienne.

Giorgia Meloni n'effectuera qu'une visite-éclair à Washington et reviendra vendredi à temps pour accueillir le vice-président américain JD Vance à Rome.

B.F avec AFP