Berlusconi condamné: le gouvernement italien en danger?

Silvio Berlusconi aurait plutôt intérêt à conserver son siège de sénateur jusqu'au terme normal de la législature - -
Alors que Silvio Berlusconi a été définitivement condamné pour fraude fiscale par la Cour de cassation italienne, la presse transalpine ne donnait pas chère vendredi matin de la coalition gauche-droite au pouvoir. Comment le gouvernement peut-il sauver sa peau sans risquer le chaos? Eléments de réponse.
> Le gouvernement italien est-il en danger?
Les avis sont partagés. Pour certains médias, "le gouvernement est en danger", comme l'a titré vendredi le quotidien romain Il Messaggero. Ou encore plus imagé pour le journal Il Fatto quotidiano: "Le gouvernement est désormais un mort qui marche".
Quoiqu'il en soit, il est vrai que la condamnation de Berlusconi pèse sur la survie du gouvernement. Étant donné qu'il ne pourra pas se présenter aux élections législatives durant six ans, le Cavaliere aurait plutôt intérêt à conserver son siège de sénateur jusqu'au terme normal de la législature (en 2018) et éviter des élections anticipées causées par une éventuelle chute du gouvernement.
De son côté, Mara Carfagna, une figure modérée de son parti, assure que "les affaires judiciaires de Silvio Berlusconi ne seront pas un problème pour le gouvernement".
> Est-ce une bonne nouvelle pour la gauche?
Si le Cavaliere décide de "sauver le gouvernement", alors il se sera "déchargé de manière rusée sur le PD (Parti démocratique, gauche) de la responsabilité de continuer à coopérer avec un allié de droite dirigé par un repris de justice", observe Marcello Sorgi, éditorialiste du quotidien modéré La Stampa.
L'aile gauche du PD rechigne en effet à prolonger cette alliance contre nature. "Il n'est pas possible d'imaginer que le PD puisse rester allié du parti de Silvio Berlusconi", a ainsi réagi Nichi Vendola, chef du petit parti de gauche Sinistra e Liberta, proche du PD.
> Cette condamnation sonne-t-elle la fin de la vie politique de Berlusconi ?
Là aussi, les opinions divergent. Pour l'éditoraliste Marcello Sorgi, "lère de Berlusconi est achevée". Mais il convient cependant de rester prudent.
"Berlusconi est quelqu'un capable de tirer un lapin du chapeau à n'importe quel moment. Il ne pourra plus se présenter sur une estrade en pleine rue (pour un meeting politique, ndlr), mais rien ne l'empêche d'enregistrer un message vidéo à l'adresse des milliers de personnes dans la rue, même s'il est assigné à résidence", estime le professeur James Walston de l'Université américaine de Rome.
De plus, pour rappel, la fin de Berlusconi a été annoncée plus d'une fois depuis son entrée en politique en 1994, mais il est toujours parvenu à rebondir. "Ceux qui croient que cette histoire est finie ou proche de sa fin se trompent", met d'ailleurs en garde Giovanni Orsina, professeur de Sciences politiques à l'université LUISS de Rome.