"Ils ont tué leurs semblables": près de Kiev, la ville de Borodyanka dévastée par les bombardements russes

A l'ouest de la capitale ukrainienne, des civils sont encore sous les décombres des immeubles bombardés il y a plus d'un mois par les forces russes.

Un mois après les premiers bombardements russes, il ne reste que des morceaux d'immeubles à Borodyanka, au nord-ouest de Kiev. Tous les jours, les secouristes fouillent inlassablement les décombres à la recherche des habitants surpris par les bombes.

Une habitante de la ville les observe s'affairer devant un immeuble bombardé le 1er mars, avec l'espoir qu'ils retrouvent sa soeur et son neveu qui étaient au troisième étage quand la frappe russe a touché le bâtiment.

"J'ai très peur d'envisager leur mort, mais j'ai encore de l'espoir", témoigne-t-elle au micro de BFMTV. "Je n'ai plus de coeur mais je dois rester debout et m'occuper de ma mère. J'ai de la pitié pour les Russes, ils ont tué leurs semblables".

Les soldats russes n'ont pas permis aux habitants de sauver leur proches, comme en témoigne un panneau sur lequel est inscrit "zone interdite aux civils, sous peine de mort".

"Il doit y avoir des gens en vie"

A seulement quelques dizaines de mètres, d'autres secouristes recherchent des civils bloqués après le bombardement d'un autre immeuble.

"On travaille ici aujourd'hui parce que des personnes ont appelé les secours après la frappe pour dire qu'ils étaient bloqué au sous-sol de ce bâtiment sous les décombres", explique la porte-parole des sauveteurs de Kiev.

Si certains secouristes n'ont plus l'espoir de retrouver des personnes en vie, certaines riveraines sont encore persuadées du contraire. "Il doit y avoir des gens en vie, j'ai entendu qu'il y avait des gens en vie" affirme l'une d'elles.

"Si vous voulez me tuer, faites-le"

Parmi les survivants de Borodyanka, certains ont dû faire face aux soldats russes. "J'étais dehors, et ils ont pointé leur arme sur moi, je leur ai dit 'si vous voulez me tuer faites-le, je n'ai pas peur de la mort et mon père ne comprendrait même pas ce qu'il se passe. Alors allons à mon appartement venez nous tuer, mon père et moi'" relate Tatiana.

Certains racontent aussi avoir vu des soldats russes procéder à plusieurs exécutions sommaires. Des faits similaires ont été rapportés dans d'autres villes ukrainiennes, comme à Boutcha où les corps de plusieurs centaines de personnes exécutées ont été retrouvés.

Jérémie Paire avec Emilie Roussey