"Il y avait du sang partout": la Suède sous le choc après la pire tuerie de son histoire

"J'ai vu quelques corps allongés sur le sol. Je ne savais pas s'ils étaient morts ou blessés". Alors qu'elle se tenait devant le Campus Risbergska à Örebro, ce mardi 4 février, Linn M., 16 ans, assiste à la fusillade la plus meurtrière jamais connue la Suède.
"Il y avait du sang partout, des gens paniquaient et pleuraient, des parents étaient inquiets (...) C'était le chaos", a déclaré la jeune femme d'une voix tremblante à l'AFP.
Mardi en milieu de journée, un homme a ouvert le feu dans un centre de formation pour adultes de la ville d’Örebro à 200 kilomètres à l’ouest de Stockholm, tuant au moins onze personnes, dont l'assaillant, selon le dernier bilan des autorités.
"L'auteur n'est pas connu de la police"
"Le motif de la fusillade n'est pas encore connu, mais tout porte à croire que l'auteur a agi seul, sans motif idéologique", a déclaré la police locale. Selon Roberto Eid Forest, chef de la police d'Örebro, "l'auteur n'est pas connu de la police, il n'a aucun lien avec un quelconque gang". "Nous estimons qu'il n'y aura pas d'autres attaques", a-t-il assuré mardi soir.

D'après les informations de la chaîne de télévision suédoise TV4, l'individu était âgé de 35 ans. La police a perquisitionné son domicile à Örebro en fin de journée. Il avait un permis de port d'arme et un casier judiciaire vierge. L'homme vivait reclus, n'avait pas d'emploi et s'était éloigné de sa famille et de ses amis, assure de son côté le tabloïd suédois Aftonbladet en citant des personnes de sa famille.
"Recroquevillés sous nos bureaux"
Ce jour-là, deux enseignants de l'établissement ont entendu des tirs. "Des étudiants sont venus nous dire que quelqu'un tirait. Puis nous avons entendu d'autres coups de feu dans le couloir. Nous ne sommes pas sortis, nous nous sommes cachés dans nos bureaux", ont raconté Miriam Jarlevall et Patrik Soderman au journal Dagens Nyheter.
"Il y a eu beaucoup de coups de feu au début, puis le calme s'est installé pendant une demi-heure, avant que cela ne recommence. Nous étions couchés sous nos bureaux, recroquevillés", ont-ils poursuivi.
Les vêtements ensanglantés, Marwa a raconté à télévision suédoise TV4 avoir vu plusieurs personnes se mettre à courir. "Lorsque nous avons ouvert la porte, nous avons vu une personne qui tirait partout. Un homme à côté de moi a reçu une balle dans l'épaule. Il saignait tellement que lorsque j'ai regardé derrière moi, il y avait trois personnes au sol qui s'étaient évanouies à cause du sang".

Avec son écharpe, la femme a tenté de faire un bandage à la victime. "J'ai essayé de me souvenir de tout ce que j'avais étudié en tant qu'infirmière, mais ce n'était pas comme pendant la formation, c'était encore plus difficile", a-t-elle raconté à la télévision locale.
Pendant plusieurs heures, les élèves du centre d'enseignement et des écoles voisines sont restés confinés avant d'être progressivement évacués.
À quelques rues du lieu du drame, l'église Haga a ouvert ses portes aux habitants dans l'attente de réponse. "Certaines personnes n'ont même pas pu s'asseoir, elles étaient tellement inquiètes qu'elles ont fait le tour de la pièce", a raconté la pasteure Anna-Lena Evehäll à TV4.
"Nous avons servi du café et des brioches, nous avons parlé aux gens, nous avons prié avec eux, nous avons attendu avec eux et nous les avons pris dans nos bras. Il est important que les gens se rencontrent, qu'ils aient un endroit où aller", a-t-elle ajouté.
Un jour "douloureux" pour la Suède
Le roi de Suède Carl XVI Gustaf a déclaré mardi soir qu'il avait appris la nouvelle de la fusillade avec "tristesse et consternation". Il s'agit de "la pire tuerie de masse" de l'histoire de la Suède, a déclaré à son tour le premier ministre, Ulf Kristersson, lors d'une conférence de presse dans la soirée précisant que "beaucoup de questions rest(aient) sans réponse".
"C'est un jour très douloureux pour toute la Suède, avait-il réagi sur le réseau social X. Mes pensées vont à tous ceux dont la journée d’école normale a été remplacée par l’horreur. Être enfermé dans une salle de classe, en craignant pour sa vie, est un cauchemar que personne ne devrait avoir à vivre".
La Suède connaît ces dernières années des fusillades et des explosions d'engins artisanaux liées aux rivalités entre gangs et qui tuent des dizaines de personnes chaque année.
En mars 2022, un élève de 18 ans a poignardé à mort deux enseignants dans un lycée de la ville de Malmö, dans le sud du pays. Deux mois plus tôt, un jeune de 16 ans a été arrêté après avoir blessé un autre élève et un enseignant avec un couteau dans une école de la petite ville de Kristianstad.
En octobre 2015, trois personnes ont été tuées lors d'une attaque à caractère raciste dans une école de la ville de Trollhättan, dans l'ouest du pays, par un assaillant armé d'un sabre, qui a ensuite été tué par la police.