Guerre en Ukraine: entre avancées notables et scepticisme, où en sont les négociations?

"Nous pouvons dire que les signaux que nous entendons dans les négociations sont positifs, mais ils ne font pas oublier les explosions ou les obus russes". La prise de parole de Volodymyr Zelensky mardi dans un message-vidéo donne le ton de l'avancée des négociations entre les délégations russe et ukrainienne, après cinq semaines de guerre.
Après trois heures de discussions à Istanbul, des "premières avancées" ont été constatées, avec une délégation russe qui a pour "la première fois, au lieu d'énoncer des ultimatums à l'Ukraine, commencé à écouter les propositions ukrainiennes", a souligné sur BFMTV ce mercredi matin Igor Zhovka, le conseiller spécial et chef adjoint du cabinet de président ukrainien.
La délégation ukrainienne a notamment proposé que l'Ukraine ne déploie aucune base militaire étrangère sur son territoire et reste neutre, et donc n'intégre pas l'Otan, à condition d'obtenir "un accord international" garantissant sa sécurité et signé par plusieurs pays garants, dont la France, qui "agiront de façon analogue à l'article 5 de l'Otan et même de façon plus ferme", a précisé le négociateur ukrainien David Arakhamia.
Or l'article 5 du traité de l'Alliance atlantique stipule qu'une attaque contre l'un de ses membres est une attaque contre tous. Cette proposition pourrait donc être refusée par la Russie.
· Retrait ou redéploiement des forces russes?
Mais les propositions ukrainiennes "seront examinées dans un avenir proche puis rapportées au président Poutine" avant d'y apporter une réponse" a assuré le chef de la délégation russe Vladimir Medinsky qui a évoqué des pourparlers"constructifs".
Le vice-ministre de la Défense russe Alexandre Fomine a dans la foulée annoncé mardi que Moscou allait "réduire radicalement (son) activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv", dans le nord de l'Ukraine. Une avancée notable pour le président ukrainien, mais qui ne fait pas "oublier les obus russes". Des détonations ont d'ailleurs encore été entendues "pendant toute la nuit" autour de Kiev, a affirmé le conseiller spécial du président ukrainien sur BFMTV ce mercredi matin. Et la ville de Tchernihiv a été bombardée "toute la nuit", selon le gouverneur.
Les Occidentaux se montrent aussi sceptiques face à l'annonce d'un retrait russe à Kiev, comme aux Etats-Unis où la Maison Blanche ne croit pas à cette main tendue de la Russie.
"Nous pensons que tout mouvement de force dans cette zone est un redéploiement et non un retrait et le monde doit se préparer à une offensive majeure contre d'autres zones de l'Ukraine", a déclaré sa porte-parole Kate Bedingfield.
Méfiance similaire au Royaume-Uni où Boris Johnson a dit juger "Poutine et son régime sur ses actes, pas ses paroles".
· Des questions à résoudre "en tête à tête"
De nombreux points restent encore en suspens après cette dernière session de pourparlers. D'abord sur la prolifération d'armes nucléaires. Si l'Ukraine s'est dite prête à accepter un statut non nucléaire, il faut rappeler que le pays a déjà signé un accord en 1994 engageant les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie à respecter son indépendance en échange du retrait de l’arme atomique du territoire ukrainien.
Kiev demande également que le fruit de ces négociations n'interdise en rien l'entrée de l'Ukraine dans l'UE. Restent aussi les questions de la démilitarisation de l'Ukraine ou encore du statut des territoires de la Crimée et du Donbass, actuellement sous contrôle des séparatistes prorusses.
Ces questions encore non résolues doivent l'être au cours d'un "tête à tête" entre les présidents russe et ukrainien, a estimé le chef adjoint du cabinet du président ukrainien.
"Le président Zelensky a réaffirmé plusieurs fois qu'il était prêt pour cette rencontre, maintenant nous attendons le signe de Vladimir Poutine", a conclu Igor Zhovka.