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"Ange blond": le point sur l'enquête

Photographie de la petite Maria réalisée par la police grecque vendredi dernier, deux jours après sa découverte.

Photographie de la petite Maria réalisée par la police grecque vendredi dernier, deux jours après sa découverte. - -

En une semaine, le cas de la mystérieuse fillette blonde retrouvée en Grèce s'est mué en affaire internationale. BFMTV.com fait le point sur les avancées de l'enquête.

Nombreux sont les parents qui cherchent un enfant disparu... Rares sont les enfants retrouvés en quête de leurs géniteurs. Pas étonnant que le cas de Maria, la mystérieuse fillette blonde découverte dans un camp rom en Grèce, suscite depuis une semaine émoi et espoir dans le monde entier.

> Que sait-on de la fillette?

"L’Ange blond", comme l’a surnommée la presse grecque, répond au nom de Maria. Elle a été découverte mercredi dernier dans un camp rom de Farsala, en Grèce centrale. Lors d’une perquisition de routine, l’œil des policiers a été attiré par cette fillette aux boucles dorées et aux yeux verts, parmi des enfants au teint mat. Une analyse ADN a rapidement mis au jour qu’elle n’avait aucun lien de parenté avec ceux qui se présentaient comme ses "parents".

Selon la police, elle parle peu, dans la langue des Roms, mais ne s’exprime pas en grec. Son certificat de naissance, rédigé à Athènes en 2009, s’est révélé faux. Maria serait d’ailleurs un peu plus âgée que les 4 ans que lui donnent ces papiers: un examen dentaire aurait permis d’établir que la fillette a plutôt 5 ou 6 ans.

> Qui sont ses faux parents?

Le faux père et la fausse mère de Maria ont été mis en examen et écroués lundi pour "enlèvement" et "constitution de faux papiers". D’origine Rom, ils sont respectivement âgés de 39 et 40 ans. Après avoir déclaré aux enquêteurs que la fillette était née d'un père canadien rencontré en Crète par la femme, puis trouvée sur le parking d'un supermarché, ils ont expliqué au juge que Maria leur avait été confiée par sa vraie mère, une Rom bulgare, à la naissance.

La police soupçonne le couple de se livrer à un trafic d’enfants. Celui-ci avait en effet auparavant déclaré 14 autres enfants dans trois villes différentes. Des enfants dont les actes de naissance ne collent pas avec leur prétendue ascendance. Trois d’entre eux seraient ainsi nés en cinq mois, entre juin et novembre 1993, et trois autres entre octobre 1994 et février 1995.

> Où en est l'enquête?

En Grèce, les enquêteurs ont circonscrit une dizaine de dossiers non élucidés d’enfants étrangers (notamment américains, suédois, polonais, français) disparus dans leur pays ces dernières années. La police épluche également les dossiers déjà ouverts de trafics de bébés et d’adoptions illégales. La Cour suprême grecque a en outre ordonné une enquête sur les certificats de naissance établis depuis 2007 en Grèce, dans l’espoir de découvrir des documents dissimulant "d’éventuels cas de trafics d’êtres humains, d’enlèvements ou d’adoptions illégales".

La police grecque a par ailleurs transmis mardi le profil ADN de la fillette à toutes les polices membres d’Interpol. De cette manière, chaque personne qui se présentera comme un parent proche (père, mère, frère ou sœur), n’importe où dans le monde, pourra voir son profil ADN facilement comparé à celui de l’enfant. L’organisation policière internationale a déjà comparé l’ADN de Maria à tous ceux que contenaient ses bases de données, sans succès pour le moment.

> A-t-on des parents potentiels?

C’est une association grecque, "The Smile of the child" (Le sourire de l'enfant), qui prend en charge l’hébergement de la fillette depuis sa découverte. A la fin du week-end dernier, elle avait déjà reçu 8.000 appels du monde entier, plus des milliers de mails, 200.000 visites sur son site web et un demi-million sur sa page Facebook.

Citons le cas d’un couple d’Américains du Kansas, Jeremy Irwin et Deborah Bradley, qui ont alerté les autorités grecques sur la ressemblance physique entre Maria et le portrait artificiellement vieilli de leur bébé. Celui-ci a disparu en 2011 à l’âge de 10 mois, indique le quotidien britannique The Telegraph (lien en anglais).

Lundi, un couple grec de Thessalonique, Jacob et Vera Trikalidi, a également demandé à se soumettre à un test ADN, indique le quotidien grec Ta Nea (lien en grec). Officiellement, leur bébé est mort à la naissance en 2009. Mais ils s’estiment victimes d’un trafic d’enfant, n’ayant jamais pu voir l’enfant à l’hôpital et constaté que le cercueil de leur bébé était vide.

> Vers d'autres "affaires Maria"?

La découverte de "l’ange blond" a poussé les autorités grecques à se pencher sur le trafic d'enfants, un véritable fléau dans le pays. Lundi, le ministère de la Justice a rendu public un état des lieux transmis en août par le Parlement, qui pointait une situation "alarmante". Le directeur du registre des naissances d'Athènes, où Maria avait été enregistrée, a été limogé. Au total, la police a ouvert plus de 40 enquêtes sur des cas de trafics de mineurs ou d'adoptions illégales.

Ainsi, nombreux sont les parents qui espèrent une réouverture du dossier de leur enfant disparu. C’est le cas de Kerry Needham, une Britannique dont le fils Ben avait disparu sur l’île grecque de Kos en 1991 à l’âge de 21 mois. "Nous avons toujours pensé que l’enlèvement de Ben était lié aux Gitans", a-t-elle indiqué à la chaîne britannique ITV. "Nous espérons que sa disparition sera de nouveau étudiée."

Un autre "ange blond" a en outre été découvert en Irlande, dans la banlieue de Dublin. Selon le quotidien britannique The Guardian, la police est intervenue lundi au sein d’une famille rom, alertée par un témoignage qui pointait l’absence de ressemblance avec leur fillette, blonde elle aussi. Des soupçons ont été émis sur l’authenticité de son certificat de naissance. L’enfant leur a été retirée, le temps pour les autorités d’effectuer des tests ADN.

Mathilde Tournier