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Europe

Face à la crise des migrants, l'Europe demeure impuissante

Les réfugiés affluent sur l'île grecque de Lesbos.

Les réfugiés affluent sur l'île grecque de Lesbos. - Aris Messinis - AFP

Alors qu'un nouveau naufrage en Méditerranée et la probable mort de 500 réfugiés sont en cours de vérifications, l'Europe est à nouveau pointée du doigt pour la mauvaise gestion de cette crise. Les associations humanitaires montent au créneau, dénonçant un manque cruel de solidarité.

Ils sont une quarantaine à avoir survécu, mais ils seraient près de 500 réfugiés à avoir succombé dans les flots samedi. Dans l'attente des vérifications du Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), un nouveau drame se dessine. Un bateau surchargé aurait coulé quelque part en Méditerranée, entre la Libye et l'Italie, la destination prévue dans l'espoir d'un avenir meilleur. Si cette catastrophe était confirmée, elle serait la plus meurtrière depuis un an. Le 18 avril 2015, un naufrage au large des côtes libyennes avait entraîné la mort de 800 migrants.

Pourtant depuis, une armada patrouille. Des opérations diverses de surveillance sont menées en mer, mais elles demeurent insuffisantes pour les humanitaires et experts.

"Soyons clairs. Pour l'instant, les rondes présentes sont essentiellement celles d'humanitaires qui vont au secours des navires en détresse. La patrouille de Frontex lutte, quant à elle, contre les passeurs. Mais la Méditerranée est très grande et c'est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin", regrette François Gemenne, un spécialiste des flux migratoires.

Un "deal sordide" entre l'UE et la Turquie

Autre point noir montré du doigt par les ONG: l’accord passé entre l’Union européenne et la Turquie le 18 mars dernier. Selon ces organisations, cet accord pour canaliser le flux migratoire ne fait qu’aggraver le problème. Les associations humanitaires estiment ce deal "sordide", qui permet "aux 28" de se dédouaner de leurs responsabilités.

"On savait très bien qu'en bloquant la route de la Turquie, une autre route allait s'ouvrir: celle de la Méditerranée centrale dont tout le monde sait qu'elle est beaucoup plus dangereuse", déplore Pierre Henry, le directeur général de France Terre d'asile.

"Un délitement de l'Europe"

Le responsable de l'association de solidarité française dénonce des arrangements de la part de l'Union européenne: 

"Les États européens ont réussi leur coup. Les migrations, qu'on estime à environ 4.000 arrivées par jour, ont été divisées par 10. Aujourd'hui, il y a plus de 50.000 réfugiés coincés en Grèce qui ne peuvent pas sortir, qui n'ont pas de solution. L'Union européenne hésite à la solidarité et à la répartition", critique Pierre Henry.

Le directeur général de France Terre d'asile critique encore la succession de sommets européens stériles: 

"C'est non seulement une impuissance, mais même un délitement de l'Europe. On s'assoit sur nos valeurs", estime-t-il.

"Un million de réfugiés pour un ensemble de 508 millions d'habitants qui est le plus grand espace commercial au monde, il n'y a pas de difficultés", conclut Pierre Henry, qui demande la construction de "voies de migration légales".

P. P. avec Frédéric de Lanouvelle