L'Espagne prépare la prise de contrôle de la Catalogne

Mariano Rajoy - JOSEP LAGO / AFP
La Catalogne retient son souffle: ce samedi, à l'occasion d'un conseil des ministres extraordinaire, le gouvernement espagnol doit annoncer la reprise du contrôle de la région autonome.
Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy devait dévoiler à la mi-journée les mesures qu'il a longuement négociées avec le Parti socialiste (PSOE), principale force d'opposition, et ses alliés centristes de Ciudadanos. Elles seront ensuite soumises à l'approbation du Sénat, attendue pour la fin octobre.
Grande manifestation à Barcelone ce samedi
Logiquement, Madrid devrait prendre le contrôle de la police régionale, les Mossos d'Esquadra, dont le chef a été inculpé de sédition pour ne pas avoir empêché un référendum d'autodétermination le 1er octobre.
Tous sont conscients de la mobilisation populaire que risque de susciter la suspension des prérogatives d'une région très jalouse de son autonomie, même si la population est divisée sur la question de l'indépendance. Une grande manifestation est d'ailleurs prévue à 17 heures à Barcelone pour réclamer la libération de deux leaders indépendantistes.
Aussi Madrid insiste-t-il sur le fait que ces mesures seront limitées, temporaires et doivent déboucher à court terme sur de nouvelles élections régionales. Le PSOE souhaiterait les organiser dès la fin janvier.
Le roi d'Espagne intervient
Sommé de revenir à la légalité, le chef du gouvernement catalan Carles Puigdemont a au contraire menacé de faire proclamer formellement l'indépendance de cette région de 7,5 millions d'habitants si son autonomie était suspendue. Carles Puigdemont et son cabinet indépendantiste affirment avoir un mandat pour faire sécession, après avoir organisé un référendum d'autodétermination interdit par la justice.
Le roi d'Espagne est intervenu dans cette crise, la pire qu'ait traversée le pays depuis la fin de la dictature de Francisco Franco en 1975, en assurant vendredi que l'Etat saurait face à cette "tentative inacceptable de sécession (...) avec ses institutions démocratiques légitimes". "Nous ne voulons pas renoncer à ce que nous avons construit ensemble", a-t-il déclaré lors de la remise du Prix Princesse des Asturies, dont l'Union européenne était un des lauréats.