Déraillement du funiculaire à Lisbonne: les syndicats des travailleurs dénoncent une "grave défaillance mécanique"

Le funiculaire de Lisbonne qui a déraillé mercredi soir et coûté la vie à 16 personnes, aurait fait l'objet d'une "grave défaillance mécanique", selon les syndicats des travailleurs portugais.

Un scénario qui se dégage? Quelques heures après l'accident du funiculaire à Lisbonne, qui a fait au moins 16 morts, "tout semble indiquer une grave défaillance mécanique", alerte le président de SITRA (syndicat lisboète des travailleurs de transport), Francisco Oliveira, à CNN Portugal.

"Le fait que le tramway soit tombé, que les personnes aient ressenti un choc (...), indique qu'il y a eu une défaillance mécanique", insiste-t-il à la télévision locale.

Depuis hier, les images du wagon accidenté inondent les réseaux sociaux. Mercredi 3 septembre, vers 18 heures, le célèbre Glória Funicular, très prisé par les touristes et les locaux, a déraillé avant de s'écraser sur une rue passante à Lisbonne.

Le bilan est lourd: au moins 16 morts et cinq blessés graves, dont un enfant de trois ans. Le service municipal de protection civile, qui avait donné un peu plus tôt un chiffre de 17 morts, a expliqué avoir commis une erreur en déclarant que deux des victimes hospitalisées étaient décédées dans la nuit, alors qu'une seule personne avait en réalité succombé à ses blessures.

Si la cause de l'accident est à ce stade inconnue, les soupçons se dirigent de plus en plus vers la société de transport, Carris Lisboa, en charge du funiculaire.

Plusieurs signalements déposés

Selon l'agence de presse portugaise, Lusa, de nombreuses plaintes concernant la nécessité d'entretien des ascenseurs, y compris le funiculaire de Glória, avaient été déposés par les syndicats des travailleurs à l'encontre de la société Carris.

"Fondamentalement, ce qui nous semble important dans cet accident, c'est qu'il doit y avoir une enquête rigoureuse sur ses causes", affirme à Lusa, Manuel Leal, porte-parole de la Fectrans (Fédération des syndicats des travailleurs de transport et des communications) et du STRUP (Syndicat des travailleurs des transports routiers et urbains).

"Les travailleurs signalent depuis longtemps la nécessité de confier à nouveau la maintenance de ces ascenseurs aux employés de Carris et non à des entreprises extérieures", insiste-t-il.

Depuis une dizaine d'années, la maintenance du funiculaire Glória est en effet assurée par une entreprise externe, a confirmé le président de Carris, Pedro Bogas, à CNN Portugal. Il assure cependant que le protocole de maintenance est "scrupuleusement respecté".

Interrogée quelques heures après le drame, l'entreprise de transports a également indiqué au média portugais Sic Noticias que le funiculaire avait effectué son dernier entretien général en 2022 et fait l'objet d'une réparation en 2024.

Des déclarations remises en cause, mercredi, par le journal portugais Página Um, qui affirme que le contrat de maintenance des quatre ascenseurs de Lisbonne, y compris celui de Glória, avait expiré depuis le dimanche 31 août.

Une enquête devra déterminer les circonstances exactes de l'accident, ainsi que la responsabilité, si elle est avérée, de l'entreprise d'exploitation de transports de Lisbonne.

Un accident en 2018

Ce n'est pas la première fois que le célèbre funiculaire de Lisbonne est impliqué dans un accident. Le 7 mai 2018, l'une des cabines du funiculaire Glória avait déraillé sans faire de victimes.

António Carloto, membre de l'APAC (Association portugaise des amis des chemins de fer) avait à l'époque pointé du doigt un défaut d'entretien: "Il (le funiculaire, NDLR) a déraillé et cette fois-ci, il n'y a pas eu de conséquences. La prochaine fois, ce ne sera peut-être pas le cas. Il est clair qu'il y a eu négligence", avait-il signalé au journal portugais Pûblico.

António Carloto avait également déclaré avoir remarqué des traces d'usure au niveau des roues. Suite à l'accident, l'entreprise Carris avait suspendu le service de transport de la capitale et annoncé une maintenance générale des ascenseurs, garantissant qu'ils resteraient "en parfait état de sécurité et de fonctionnement pendant les deux prochaines années".

Le drame de Lisbonne a provoqué un émoi dans la capitale. En hommage aux victimes, le maire de la ville Carlos Moeda a décrété trois jours de deuil national et dit regretter un "accident gravissime qui n'aurait jamais dû arriver".

Orlane Edouard