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Danemark: "Robert le paresseux", chômeur et fier de l'être

"Robert le paresseux", l'homme par qui le scandale arrive...

"Robert le paresseux", l'homme par qui le scandale arrive... - -

Surnommé "Robert le paresseux", un Danois vit depuis dix ans de l'aide sociale dans son pays, et vend des pulls "Chômeur et fier de l'être". Une polémique qui nourrit le débat au Danemark sur les limites de l'État-providence.

Nom: Robert Nielsen. Surnom: "Le paresseux". Caractéristique: crée la polémique au Danemark car il ne travaille pas... et s'en vante. Ou plutôt, il travaille le moins possible, tout en tirant une certaine fierté de sa situation.

Robert, 45 ans, a gagné son surnom après son apparition dans un débat télévisé, en 2012, au cours duquel il avait expliqué qu'il préférait vivre de ses allocations plutôt que de prendre un emploi qui ne lui convenait pas. "Je n'ai jamais adhéré à l'idée fausse qu'il faut avoir un emploi pour avoir une belle vie", avait-il notamment affirmé.

Ses aphorismes ont piqué la fierté nationale danoise, au moment où des éditorialistes ou penseurs de droite accusent le généreux système d'aide sociale de rendre tout un peuple trop indolent.

La chef du gouvernement Helle Thorning-Schmidt a dû réagir. "Nous allons examiner toutes nos mesures pour l'emploi, et s'il y a des gens comme 'Robert le paresseux', nous allons exiger d'eux davantage", avait-elle dit peu après le débat qui a fait de Robert une célébrité.

Le Danemark a de fait revu à la baisse sa couverture sociale, touché par une grave crise de l'immobilier en 2007-2009, puis une stagnation économique depuis 2010. Mais il reste un pays où la plupart des salariés quittent leur poste à 16h00, et où les chômeurs ont droit à 80% de leur ancien salaire pendant deux ans.

Quelque chose de pourri au royaume du Danemark?

Depuis douze ans, Robert Nielsen a occupé des emplois dans la parqueterie et chez McDonald's, mais jamais très longtemps avant de retourner au chômage. "Ils attendaient trop des gens", dit-il de la chaîne de hamburgers.

Robert a fait des études, il a étudié les sciences sociales et la philosophie "quelques années", s'est essayé au chinois pendant un trimestre, et a fait six mois de bénévolat en Zambie. Mais sans jamais obtenir le moindre diplôme. "Malheureusement je n'ai pas de paperasse pour montrer ce que je sais", résume-t-il.

La situation ne lui déplaît pas. Mais il ne faut pas lui demander ce qu'il adviendrait du Danemark si tout le monde l'imitait. "C'est une question ridicule, et je n'aime pas y répondre. Tout le monde n'est pas comme moi, et ne le sera jamais", tranche-t-il. "Le travail n'est pas moralement supérieur à l'oisiveté. Être Danois est suffisant pour obtenir de la nourriture, un toit et de quoi se vêtir".

En juin, une étude d'un centre de recherche danois, le CEPOS, ultra-libéral, concluait qu'un Etat-Providence généreux réduisait non seulement la motivation des individus à trouver un travail, mais aussi leur ardeur quand ils en ont un.

"Garde ton boulot de merde"

Imperméable à la critique, "Lazy Robert" entend bien tirer parti de sa célébrité. Il projette de se lancer dans une campagne municipale à Copenhague, souhaitant bénéficier de l'effet de notoriété du Koh Lanta danois où il apparaît. "Les gens voient que j'ai le sens de l'humour et que je fais ma part du boulot" sur l'île, commente-t-il.

Il apparaît sur les publicités d'une marque de compléments nutritionnels contre la fatigue. "À présent ma fatigue est complètement partie", dit-il sur des affiches publicitaires. Robert ne dépend donc plus de l'aide sociale. "J'ai en fait moins d'argent que quand je vivais des allocations", regrette-t-il cependant.

Robert possède également un site internet où il vend des vêtements aux inscriptions ironiques comme "Garde ton boulot de merde". Qu'en pense Jean-Marc Ayrault? Le Premier ministre est à Copenhague ce lundi afin de discuter économie verte et politique européenne.

E.B. avec AFP