Catastrophe de Riga: la Lettonie en deuil pleure ses morts

Des gens se recueillent devant les ruines du supermarché, samedi. - -
La Lettonie est en deuil. Jeudi soir, en pleine heure d'affluence, le toit d'un supermarché à Riga s'est effondré soudainement. Le bilan est terrible: il s'élève à 54 morts, le corps d'une nouvelle victime ayant été découvert tôt samedi parmi les décombres.
Il s'agit de la pire catastrophe survenue dans ce petit pays balte depuis son retour à l'indépendance en 1991, et de nombreuses questions sur les causes du drame restent pour l'instant sans réponse. Les pompiers et les secouristes continuent de fouiller les ruines du magasin, mais avec peu d'espoir de retrouver des survivants après deux jours et deux nuits avec des températures proches de zéro degré.
"Ce dossier devrait être considéré comme un meurtre de nombreuses personnes sans défense et il requiert une réaction appropriée", insiste le chef de l'Etat à la télévision publique LTV. Pour sa part, la police a ouvert une enquête criminelle et travaille sur trois hypothèses concernant la conception du bâtiment, sa construction et les nouveaux éléments qui ont été installés sur le toit.
Des sirènes d'alarme souvent déclenchées sans raison
"Nous sommes en train de vérifier le moindre détail. La cause reste un mystère mais il faut la découvrir. Apparemment si une faute a été commise, c'en était une énorme", déclare Marite Staume, porte-parole de l'entreprise Re&Re qui a construit le bâtiment. "C'est probablement encore la même histoire - faites le pour pas cher et empochez la différence. Mais ce sont les gens ordinaires qui en payent le vrai prix", a commenté pour sa part Arsenijs Smirnovs chauffeur de taxi à Riga.
Le centre commercial, exploité par l'enseigne Maxima, la deuxième du pays, a été construit en 2011 et avait été sélectionné pour un prix d'architecture. Des travaux étaient en cours sur le toit pour le transformer en jardin suspendu, selon un responsable local de la mairie Juris Radzevics. "Le projet avait été soumis dans les règles, mais bien sûr nous allons vérifier si tous les matériaux et les travaux ont été bien conformes aux normes", a-t-il cependant souligné.
Les sirènes d'alarme du magasin ont été déclenchées avant l'accident sans pour autant provoquer l'évacuation des personnes, a indiqué Viktorija Gulbe, porte-parole de Maxima. Selon des résidents du quartier, les sirènes avaient retenti plusieurs fois au cours des derniers jours sans raison apparente et les gens avaient fini par ignorer ces fausses alertes.
L'élan d'optimisme brisé
Cette tragédie, un des plus graves accidents dus à des effondrements de toitures dans le monde depuis une trentaine d'années, a frappé de stupeur ce petit pays de 2 millions d'habitants où le gouvernement a décrété trois jours de deuil national à partir de samedi, avec une minute de silence lundi matin. A Riga, les drapeaux de la Lettonie aux bâtiments publics comme sur les habitations des particuliers, portaient un ruban noir, en signe de deuil.
La Lettonie, pays membre de l'Union Européenne depuis 2004 et qui doit entrer dans la zone euro au 1er janvier 2014, venait de célébrer la fête de l'Indépendance le 18 novembre dans un climat d'optimisme général alors que Riga se prépare à devenir la capitale européenne de la culture l'année prochaine. Sur les lieux de l'accident, dont le périmètre a été bouclé par la police avec des barrières de sécurité, des milliers de bougies et de fleurs étaient posées sur le sol.