Colère en Belgique après qu'un étudiant en gynécologie reconnu coupable de viol échappe à une peine de prison

L'université de Louvain en Belgique, le 19 octobre 2022 - HATIM KAGHAT / Belga / AFP
Une décision qui suscite la colère dans le Plat Pays. Un Belge de 24 ans a été reconnu coupable de viol et d'agression sexuelle mardi 1er avril par le tribunal correctionnel de Louvain, sans écoper d'une peine de prison. Si le parquet a fait appel du verdict vendredi, la décision suscite l'émoi d'une partie de la population en Flandres depuis plusieurs jours.
"Mardi 1er avril, le tribunal de première instance de Louvain a reconnu un homme de 24 ans comme étant coupable du viol et de l'agression sexuelle d'une femme majeure survenus le 9 novembre 2023 à Louvain", rapporte le ministère dans un communiqué de presse.
"Le tribunal lui a accordé la faveur de suspendre la peine pendant 5 ans. Le parquet de Louvain a fait appel de ce verdict car il estime qu'il n'est pas approprié dans ce cas de suspendre la peine de la condamnation sans autre forme de procès", ajoute le ministère.
Sa "personnalité favorable" a joué en sa faveur, selon la presse
Le jeune Belge de 24 ans était poursuivi pour des faits survenus en 2023. L'étudiant participait alors à une soirée Halloween avec des amis dans la nuit du 8 au 9 novembre.
Le jeune homme, qui étudie la gynécologie, a ramené une jeune femme chez lui et l'a violée et agressée sexuellement, alors qu'elle était en état d'ébriété et n'était pas en mesure de donner son consentement.
Selon plusieurs médias, dont Le Soir et Le Monde, le tribunal a estimé que son casier judiciaire vierge, que ses remords et que la "personnalité favorable" de cet étudiant décrit comme "talentueux et engagé" justifiaient de suspendre le prononcé de sa peine, à condition de ne pas récidiver. Le jeune homme s'en est sorti avec une simple amende de 3.500 euros à verser à la victime pour dommage moral.
Après la condamnation de l'étudiant, l'hôpital de l'Université catholique de Louvain, où il était en stage, l'a suspendu afin d'assurer "le calme, la sérénité et la sécurité", selon Le Monde. Sa faculté a annoncé qu'elle lançait une enquête disciplinaire.
Manifestations et "appel à la sérénité" du ministère
La décision du tribunal a faire largement réagir en Belgique, et notamment en Flandres. Vendredi, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Bruxelles, selon la RTBF, dénonçant une justice dite de classe.
La veille, à Louvain et à Gand, des rassemblements avaient déjà dénoncé une forme "d'impunité" des agresseurs dans les affaires de violences sexuelles.
L'indignation est telle que le ministère de la Justice a décidé de communiquer vendredi publiquement sur l'appel émis par le parquet. Une première dans cette affaire.
"Les décisions de justice peuvent susciter de vives émotions et entraîner des bouleversements sociaux, mais elles ne doivent pas dégénérer en une diffamation publique et sans nuances de l'une ou l'autre des parties prenantes au procès. Le ministère public appelle à la sérénité dans l'intérêt de toutes les parties", ajoute-t-il par ailleurs dans son communiqué. La date du procès en appel dans cette affaire n'est pas encore connue.