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Royaume-Uni: qui est Jeremy Corbyn, surprenant nouveau chef du parti travailliste?

Jeremy Corbyn, le favori dans la course à la direction du Labour souhaite "changer la politique au Royaume-Uni" s'il devient samedi le nouveau chef du parti travailliste.

Jeremy Corbyn, le favori dans la course à la direction du Labour souhaite "changer la politique au Royaume-Uni" s'il devient samedi le nouveau chef du parti travailliste. - Ben Stansall - AFP

Il était l'improbable favori dans la course à la direction du Labour: ce député britannique, qui souhaite "changer la politique au Royaume-Uni", est devenu samedi le nouveau chef du parti travailliste dont il incarne l'aile gauche. Portrait d'un personnage détonnant de la politique britannique.

Il révulse la droite britannique. Et inquiète même jusque dans les rangs de son propre camp. Le très à gauche Jeremy Corbyn, député de la banlieue de Londres depuis plus de trente ans, est un personnage atypique du paysage politique d'outre-Manche. Âgé de 66 ans, il est devenu samedi le nouveau chef du Labour (à 59,5% des voix dès le premier tour) et leader le plus improbable que le parti travailliste ait jamais compté. Portrait d'un Ovni qui jouit d'une très forte popularité auprès des sympathisants.

"Le plus à gauche" du Labour

Député d'Islington-North depuis 1983, le vétéran Corbyn n'est ni un grand orateur, ni un leader charismatique. C'est en revanche un homme discret, qui se déplace à vélo et cultive son propre jardin dans son quartier bobo du nord de Londres.

Si son incroyable avènement surprend, c'est surtout à cause du positionnement politique de Jeremy Corbyn. Lorsque Ed Miliband a démissionné de la tête du Labour le 8 mai au lendemain d'élections législatives catastrophiques pour son parti, on a surtout entendu les lieutenants de l'ex-Premier ministre Tony Blair fustiger le virage à gauche opéré depuis 2010 et réclamer un retour vers une politique plus centriste.

Une personnalité authentique qui séduit...

Quatre mois plus tard, le Labour a porté à sa tête le député le plus à gauche qu'il ait en magasin: le pendant britannique des Grecs de Syriza. Un héritier de Tony Benn et de Michael Foot, frondeurs des années 1980. Un pacifiste, qui milite pour la nationalisation des chemins de fer, la réouverture des mines de charbon et la fin immédiate de toute politique d'austérité.

Comment le Labour en est-il arrivé là? L'ouverture du vote -jusque-là réservé aux membres du parti et aux syndicats- à tout citoyen prêt à débourser trois livres joue un rôle déterminant. Des dizaines de milliers de nouveaux sympathisants et anciens déçus du Labour ont répondu à l'appel, séduits par la personnalité "authentique" de Corbyn. Mais aussi un nombre difficilement quantifiable d'"infiltrés" motivés par l'idée de faire imploser le parti.

...et un nouveau système de vote

"La réforme du système de vote a pu apparaître comme une idée merveilleuse. En réalité, c'est un piège qui met le parti en porte-à-faux", estime Charlie Beckett, expert politique à la London School of Economics.

Car autant Jeremy Corbyn fait fureur chez les sympathisants, autant il apparaît isolé au sein de son parti. "C'est même du jamais-vu. Il y a peut-être cinq, maximum dix députés (sur 232) qui le soutiennent. Tous les autres détestent ses idées politiques. Il n'a pas de courant, pas de réseaux. Jamais on n'aura eu un leader aussi peu représentatif de son parti parlementaire", ajoute-t-il.

En fait, Jeremy Corbyn n'aurait même pas dû être candidat. S'il a réuni les 35 parrainages requis, c'est seulement parce que certains députés travaillistes estimaient qu'il fallait un représentant de l'aile gauche.

Il veut "changer la politique"

Ne se préoccupant de ces considérations, Jeremy Corbyn a achevé sa campagne jeudi soir, dans la "Rock Tower", une église de pierre grise située dans son fief d'Islington Nord, dans le nord de Londres.

"Nous changeons la politique au Royaume-Uni, nous défions l'idée qui voudrait que seules les questions individuelles comptent et à la place, nous disons que le bien commun est notre aspiration à tous", a-t-il affirmé.

"Levez-vous contre ce que fait ce gouvernement. Levez-vous contre ces coupes budgétaires honteuses", a ajouté à la tribune le vétéran âgé de 66 ans, vêtu d'une chemise jaune et d'une veste flottante, devant plusieurs centaines de militants et sympathisants du Labour.

Élu dès le 1er tour

Favori des sondages et des bookmakers pendant la campagne des primaires, Corbyn l'a emporté avec 59,5% des voix face à ses trois rivaux, Andy Burnham, Yvette Cooper et Liz Kendall, selon les résultats annoncés à Londres lors d'un congrès exceptionnel du Labour, principal parti d'opposition britannique.

Jé. M. avec AFP