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Royaume-Uni: au moins 52 ans de prison pour le meurtrier de trois fillettes dans une classe de danse

Le palais de justice Elizabeth II de Liverpool, le 23 janvier 2025

Le palais de justice Elizabeth II de Liverpool, le 23 janvier 2025 - Darren Staples / AFP

L'homme qui avait tué trois fillettes cet été à Southport, en Angleterre, a été condamné à un minimum de 52 ans de prison. Le triple meurtre avait déclenché de violentes émeutes anti-immigration.

L'attaque avait provoqué l'effroi en Angleterre. L'homme qui a tué trois fillettes en juillet dernier dans la ville de Southport a été condamné ce jeudi 23 janvier à de la prison à vie, avec un minimum de 52 ans d'incarcération, par un tribunal de Liverpool.

Axel Rudakubana, un Gallois d'origine rwandaise âgé de 17 ans lors des faits, avait plaidé coupable ce lundi. Il ne sera probablement "jamais libéré", a estimé le juge Julian Goose en rendant son verdict, soulignant "l'extrême violence" de ses actes.

Le triple meurtre, commis lors d'un cours de danse inspiré de la star Taylor Swift, avait déclenché de violentes émeutes anti-immigration.

Des familles "brisées"

Des proches des victimes étaient en larmes jeudi au tribunal de Liverpool où la procureure a livré le terrible récit de l'attaque au couteau.

L'accusé a été sorti une seconde fois du box des accusés dès la reprise de l'audience. "Je me sens très mal, je dois voir un médecin", a-t-il hurlé comme à l'ouverture des débats dans la matinée, disant ne pas avoir mangé depuis 10 jours.

L'audience s'est poursuivie en son absence, et révélé les détails glaçants des meurtres des Bebe King, 6 ans, Elsie Dot Stancombe, 7 ans, et Alice da Silva, 9 ans, le 29 juillet 2024.

Elles ont été pourchassées et poignardées lors d'un cours de danse inspiré de la star Taylor Swift à Southport. "La petite fille de nos rêves nous a été arrachée d'une façon si horrible et injuste que cela a nous complètement brisés", ont raconté Alexandra et Sergio Aguiar, les parents d'Alice, dans une déclaration lue au tribunal.

Cette attaque, qui a blessé huit autres enfants et deux adultes, était "préméditée et planifiée", ciblant "principalement des fillettes avec l'intention de les tuer", a affirmé la procureure Deanna Heer.

Récit macabre

Elle a décrit des victimes attaquées dans le dos et poignardées à de multiples reprises, dans un déchaînement de violence. En garde à vue, il a déclaré qu'il était "très heureux" que ces enfants soient mortes, a-t-elle ajouté.

En pleurs et choquées par l'agitation d'Axel Rudakabana, certaines des familles ont quitté la salle lorsque la description des blessures a commencé. Celles infligées à deux des fillettes décédées étaient "particulièrement atroces", reflétant le "sadisme" de l'assaillant. Le corps de Bebe King, 6 ans, portait plus de 120 traces de couteau.

Des vidéos de caméras de surveillance ont montré les enfants fuyant le chaos de la salle de danse en hurlant, ou une fillette, pleurant silencieusement, secourue dans les toilettes par un policier.

Les aveux d'Axel Rudakubana, qui n'a donné aucune explication à ses actes, ont coupé court au procès, initialement prévu pour durer quatre semaines.

Aucune "idéologie politique ou religieuse"

"Il n'y a rien qui l'associe à une idéologie politique ou religieuse (...) Son seul objectif était de tuer", a déclaré Deanna Heer, en référence à l'absence de qualification "terroriste" pour ces meurtres.

Les policiers ont trouvé chez lui une machette, des flèches, un manuel d'Al-Quaida dans lequel il a appris à fabriquer un poison, la ricine, et de nombreuses images de torture, décapitation ou viol.

Il était "fasciné par la violence extrême", et possédait entre autres des documents sur le génocide rwandais, dans lequel des membres de sa famille ont été tués.

"Aucun d'entre nous ne sera jamais en mesure de répondre à cette terrible question: (...) Pourquoi a-t-il fait ça? Pourquoi n'a-t-il pas été empêché?", s'est interrogé Andrew Brown, fondateur du groupe d'habitants Stand up for Southport, auprès de l'AFP.

Un jeune homme reclus

La presse a fait le portrait d'un garçon violent, vivant reclus et quasi déscolarisé à 13 ans.

De nombreuses opportunités ont été manquées pour le stopper: il avait été signalé trois fois à un programme de prévention de l'extrémisme, pour s'être notamment renseigné sur les tueries dans les écoles américaines en cours d'informatique.

Diagnostiqué autiste, il avait été exclu de son collège après y avoir amené un couteau, mais y était retourné pour agresser ses anciens camarades, qu'il accusait de harcèlement raciste, avec une crosse de hockey.

Cette attaque a déclenché une vague d'émeutes anti-immigration et islamophobes dans des dizaines de villes d'Angleterre et d'Irlande du Nord, après la diffusion en ligne de rumeurs par des comptes d'extrême droite sur l'identité du suspect.

François Blanchard