BFMTV
Royaume-Uni

Mairie de Londres: deux candidats que tout oppose

Zacharias Goldsmith et Sadiq Khan, les deux candidats à la mairie de Londres.

Zacharias Goldsmith et Sadiq Khan, les deux candidats à la mairie de Londres. - Justin Tallis ; Leon Neal - AFP

Jeudi, les habitants de Londres se rendent aux urnes pour désigner leur nouveau maire, celui qui succédera au charismatique Boris Johnson. Les deux candidats en lice, le travailliste Sadiq Khan et le conservateur Zacharias Goldsmith, s'opposent en tous points.

Deux candidats que rien ne rassemble. Ce jeudi, les deux prétendants à la mairie de Londres s'affrontent dans les urnes, pour savoir qui succédera au charismatique Boris Johnson. De leurs origines à leurs idées, en passant par leur position sur le Brexit, le conservateur Zacharias Goldsmith et son rival travailliste Sadiq Khan n'ont rien en commun. Portraits. 

Sadiq Khan, le premier musulman à accéder à la mairie de Londres?

Il est le favori des sondages, dans lesquels il devance son rival d'une dizaine de points. Le candidat du Labour, Sadiq Khan, d'origine pakistanaise et de confession musulmane, est en bonne voie pour accéder au fauteuil de maire de Londres. Né en octobre 1970 dans une famille pakistanaise immigrée au Royaume-Uni, il a grandi en HLM avec ses six frères et soeurs à Tooting, quartier populaire du sud de Londres.

Un passé modeste et des origines qui semblent servir le candidat, dans une capitale aussi multiculturelle que Londres. Une ville qui pose la diversité en marque de fabrique et aime par dessus tout les belles histoires de réussite. Et celle de Saqiq Khan en est l'exemple parfait.

"Mon père était chauffeur de bus, et ma mère couturière. On vivait dans un HLM du sud de Londres, avec mes parents, mes frères, mes soeurs. La mairie n'était qu'à quelques stations de métro au nord, mais pour un jeune comme moi, elle semblait être à des millions de kilomètres", explique le candidat travailliste.

Sadiq Khan, le candidat du Labour à la mairie de Londres, le 4 mai 2016.
Sadiq Khan, le candidat du Labour à la mairie de Londres, le 4 mai 2016. © Niklas Halle'n - AFP

A 15 ans, il adhère au parti travailliste. Il est élu conseiller municipal de Wandsworth, dans le sud de Londres, en 1994, poste qu'il occupe jusqu'en 2006. En 2005, il abandonne sa carrière d'avocat des droits de l'homme pour se faire élire député de Tooting, où il vit toujours. En 2008, l'ancien Premier ministre Gordon Brown lui offre le poste de ministre chargé des communautés, puis celui des Transports l'année suivante. Sadiq Khan devient ainsi le premier musulman à siéger au cabinet d'un Premier ministre britannique.

Féministe et favorable au mariage homosexuel, Sadiq Khan est aussi très pro-Européen. Un positionnement important, à l'heure où le Royaume-Uni s'apprête à se prononcer sur son maintien ou non au sein de l'Union européenne. Quant à sa confession religieuse, sur laquelle se sont rués ses détracteurs pour tenter de freiner son avance, le candidat travailliste en a fait une force.

Zacharias Goldsmith, le poulain des conservateurs

En face de lui, Zacharias Goldsmith, dit "Zac", 41 ans, très riche et passé par la prestigieuse école d'Etonce qui n'en fait pas le candidat le plus au fait des problèmes quotidiens des électeurs. Il a d'ailleurs eu du mal à se débarrer de son image élitiste. Zacharias Goldsmith s'est ainsi montré incapable, pendant la campagne, de répondre à quelques questions simples d'une journaliste de la BBC sur Londres, comme le nom d'une station de métro, d'équipes de foot, ou l'emplacement d'un musée.

Le candidat conservateur à la mairie de Londres, Zacharias Goldsmith (au centre sur la photo), a reçu le soutien de David Cameron et Boris Johnson, ici au second plan.
Le candidat conservateur à la mairie de Londres, Zacharias Goldsmith (au centre sur la photo), a reçu le soutien de David Cameron et Boris Johnson, ici au second plan. © Adrian Dennis - AFP

Fils du milliardaire franco-britannique Jimmy Goldsmith, il a plutôt figuré dans la chronique mondaine, aux côtés de sa soeur Jemima, ex-femme de la star du cricket pakistanais Imran Khan, avant de se lancer en politique. A 16 ans, il s'est fait renvoyer d'Eton, passage obligé de tout bon fils de famille, pour possession de cannabis.

Après avoir voyagé, il entre dans le journal de son oncle, The Ecologist. Ses relations le mènent vers la politique et en 2010, il est élu député conservateur de la circonscription huppée de Richmond Park, puis réélu en 2015. Marié en secondes noces à Alice Rothschild, il est père de cinq enfants.

"Je n'ai pas honte de mes origines, elles sont ce qu'elles sont. L'important c'est de faire de son mieux. J'ai fait campagne contre l'injustice, j'ai fait campagne pour les choses qui me paraissaient importantes. Depuis cinq ans, j'ai travaillé pour ceux qui m'ont élu au gouvernement", se défend le candidat conservateur.

A ceux qui s'interrogent sur son manque de formation et d'expérience professionnelle, son directeur de campagne, Nick de Bois, répond qu'il vaut mieux "juger sur les actes", et glisse qu'il vaut mieux élire un maire qui va travailler main dans la main avec le gouvernement. Malgré son adoubement par les deux poids-lourds conservateurs, le Premier ministre David Cameron et le maire de Londres sortant Boris Johnson, Zacharias Goldsmith est affable, poli, mais peine toutefois à convaincre de sa passion pour le job. A tel point que sa campagne terne l'a fait surnommer par le quotidien populaire Mirror "la Belle au bois dormant". 

Adrienne Sigel, avec AFP