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"La vieille blague familiale était vraie": un Britannique découvre que son père a été échangé à la naissance il y a 80 ans

Un nourrisson à la maternité.

Un nourrisson à la maternité. - FRED DUFOUR © 2019 AFP

Un Britannique a découvert que son père, mort l'année dernière, avait été échangé avec un autre bébé dans un hôpital à l'est de Londres dans les années 1940.

La famille de Matthew* avait l'habitude de blaguer sur le fait que son père avait les yeux marrons et les cheveux noirs tandis que ses grands-parents, eux, avaient les yeux bleus perçants. "Papa ne leur ressemblait pas du tout", commente ce Britannique auprès de la BBC, qui sait désormais pourquoi: son père a été échangé à la naissance il y a près de 80 ans. Mort l'an dernier, le septuagénaire n'a jamais su la vérité sur ses origines.

Matthew s'est rapproché de la BBC après avoir découvert qu'une concitoyenne avait été indemnisée par le NHS (le système de la santé publique du Royaume-Uni) après avoir découvert grâce à un test ADN récréatif qu'elle avait été échangée à la naissance dans les années 1950.

"J’ai compris immédiatement"

Pendant la pandémie de Covid, cet homme a lui aussi fait appel à un test ADN récréatif afin d'en savoir plus sur ses origines. Il découvre alors qu'il est lié à tout un tas de personnes dont il ne connaît pas l'existence. "J’ai trouvé ça étrange, j’ai appelé ma femme pour lui dire que la vieille blague familiale était peut-être vraie après tout", raconte Matthew à la station de radio britannique.

Il demande alors à son père d'envoyer un échantillon ADN à son tour, qui permet de déceler que ce dernier est encore plus étroitement lié à ce groupe de parfaits inconnus. L'homme entame un échange avec deux femmes considérées par le site internet de généalogie comme des cousines de son père, qui ne comprennent pas d'où peut venir ce lien de parenté entre eux.

Ils finissent par consulter les registres de naissance de la ville datant de 1946, quelques mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et s'aperçoivent qu'un autre bébé avec le même nom de famille (un nom relativement rare) que le père de Matthew a été enregistré le lendemain de sa naissance dans le même hôpital de l'est de Londres.

"J’ai compris immédiatement ce qui avait dû se passer", raconte aujourd'hui Matthew. "La seule explication logique, c’est que les deux bébés avaient été échangés par erreur à l’hôpital."

"Mon père n’avait pas besoin d’apprendre cela"

À cette époque, peu de bébés naissaient à l'hôpital. Mais quand cela était le cas, les nouveau-nés étaient placés en nurserie à l'écart de leur mère et des sage-femmes s'occupaient d'eux. Pour les identifier, une fiche était attachée au berceau indiquant le nom du bébé, celui de la mère, la date et l’heure de naissance, et le poids. Les bracelets nominatifs, eux, n'était pas encore en place.

Ce qui pouvait donner lieu à des erreurs d'étiquetage, qui s'avéraient tout de même rares mais qui resurgissent aujourd'hui grâce à l'essor des tests ADN récréatifs. "J’adore résoudre des énigmes et comprendre le passé", explique Matthew. "Je suis de nature assez obsessionnelle, alors je me suis lancé à fond dans cette reconstitution".

Son père, décédé en fin d'année dernière, ne saura jamais la vérité sur ses origines. Matthew a longuement hésité à lui révéler la vérité sur son histoire familiale, mais il a finalement décidé de ne pas le faire. "Je me suis dit que mon père n’avait pas besoin d’apprendre cela. Il avait vécu 78 ans dans une forme d’ignorance, et cela ne me semblait pas juste de lui imposer ça."

Cet assureur qui exerçait autour de Londres était un cycliste amateur passionné et très impliqué dans les courses locales, selon Matthew. Il vivait seul depuis sa retraite et sa santé s’était dégradée ces dix dernières années.

* Le prénom a été changé, la famille ayant souhaité rester anonyme.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV