"J'ai besoin d'aide": un hôpital anglais pointé du doigt après la mort d'une patiente atteinte de fatigue chronique

L'hôpital Royal Devon et Exeter, au Royaume-Uni - Google street view
"S'il vous plaît, aidez-moi", avait demandé Maeve Boothby-O'Neill à sa médecin généraliste en juin 2021, quatre mois avant sa mort. Ce lundi 22 juillet, une enquête très scrutée par les médias britanniques a été ouverte pour deux semaines à Exeter afin de faire la lumière sur la mort en octobre 2021 de la jeune femme de 27 ans, atteinte d'encéphalomyélite myalgique, aussi appelée syndrome de fatigue chronique.
D'après les premiers éléments révélés par les enquêteurs, Maeve Boothby-O'Neill, alors allitée chez elle après plusieurs passages à l'hôpital, avait écrit à sa médecin généralise, Lucy Shenton.
"Chère Dr Shenton, je sais que vous faites de votre mieux pour moi, mais j'ai vraiment besoin d'aide pour m'alimenter. Je ne comprends pas pourquoi l’hôpital n’a rien fait pour m’aider quand je suis rentrée chez moi. J’ai faim, je veux manger", avait-elle expliqué.
Avant d'ajouter: "Je ne peux plus m'asseoir ni mâcher depuis mars et la seule personne qui m'aide à manger est ma mère. Je ne peux pas obtenir suffisamment de calories avec une seringue. S’il vous plaît, aidez-moi à avoir assez de nourriture pour vivre."
Une "affaire urgente"
Atteinte de cette maladie depuis l'âge de 13 ans, l'état de santé de Maeve Boothby-O'Neill s'était détérioré au cours de l'année 2020. Elle a été admise à trois reprises à l'hôpital Royal Devon et Exeter avant d'être à chaque fois renvoyée chez elle.
En mars 2021, c'est sa mère qui avait écrit au directeur du cabinet du médecin généraliste, ne comprenant pas ces décisions médicales. "Depuis le 10 mars 2021, je suis la seule personne à prodiguer des soins à une personne incapable de s'asseoir, de se tenir debout ou de mâcher. Vous aviez prévu de me parler par téléphone avant la pandémie en février 2020. Vous n'avez pas appelé comme prévu (...) Cette affaire était urgente à l’époque et elle l’est encore plus aujourd’hui."
Lors de l'audience, l'officier de justice a annoncé que la docteure Lucy Shenton ne pourrait pas être interrogée en raison de son état de santé. Sa présence "déclencherait une dépression mentale", étant donné qu'elle souffre d'un trouble de stress post-traumatique.
Le père de Maeve Boothby-O'Neill a toutefois assuré que la médecin "aimait beaucoup Maeve" et "avait plus de contacts avec elle que n'importe quel autre professionnel de la santé impliqué dans ses soins". Selon lui, Lucy Shenton lui avait confié qu'elle n'avait "jamais vu quelqu'un d'aussi mal traité par le système de soin britannique que Maeve".
Un collègue de Lucy Shenton a lui témoigné avoir été "légèrement choqué" que la jeune femme soit sortie de l'hôpital le jour même de son admission.
"Je suis très conscient que nous étions en pleine pandémie et que l'hôpital était rempli de patients atteints de la Covid-19, mais j'ai été surpris qu'elle soit sortie de l'hôpital ce jour-là", s'est rappelé Paul McDermott.