Allemagne: une branche de l'AfD accusée d'avoir distribué des "billets d'expulsion" pour les "immigrants illégaux"

Une polémique qui enfle en Allemagne. Une branche locale du parti d'extrême droite, Alternative pour l'Allemagne (AfD) est pointée du doigt pour avoir glissé dans les boîtes aux lettres des administrés des dépliants représentant des billets d'avion pour les "immigrants illégaux" dans le cadre de la campagne pour les élections législatives fédérales de février, rapporte la presse allemande.
Dessus, figure le nom du passager "immigrant illégal" avec une "date de départ" datée du jour de l'élection le 23 février pour partir "depuis l'Allemagne" "vers un pays d'origine sûr". "AfD" est indiqué comme porte d’embarquement. En bas du dépliant sont écrites deux phrases: "seule la remigration peut sauver l’Allemagne" et "c’est bien aussi à la maison". Sur ce dépliant, un QR code renvoie au site web du parti dans le district de Karlsruhe, situé dans l'ouest du pays à proximité de la frontière française.
"Revendications tout à fait légitimes et conformes à la loi"
Au verso de ce dépliant, l'AfD Karlsruhe a précisé "ses revendications" qu'elles jugent dans un communiqué "tout à fait conformes à la situation légale actuelle et à la Loi fondamentale" insistant sur le fait qu'il était écrit que "les citoyens ne sont pas expulsés".
"Avec ce dépliant, nous voyons la possibilité de faire connaître aux électeurs ces revendications tout à fait légitimes et conformes à la loi sous une forme condensée", précise l'AfD Karlsruhe.
Avant d'ajouter: "Le 23 février, date mentionnée sur le dépliant, est le jour où les électeurs ont la possibilité de voter pour l'AfD, le seul parti qui souhaite réellement mettre en œuvre ces exigences tout à fait conformes à la loi et à la Constitution et qui ne se contente pas de faire des annonces".
Si la gauche affirme que les dépliants ont été distribués dans les boîtes aux lettres de personnes issues de l'immigration, selon Der Spiegel, le parti d'extrême droite le réfute. "Le dépliant électoral est actuellement distribué en grand nombre à Karlsruhe, sans consignes ou restrictions particulières", précise le communiqué.
Une enquête ouverte
Dans une vidéo publiée sur Instagram, le candidat du parti de gauche Die Link dans le district de Karlsruhe, Marcel Bauer, a dénoncé cet acte de campagne. "L’AfD utilise des méthodes fascistes pour inciter à la haine populaire. Cette menace contre nos concitoyens doit avoir des conséquences", a-t-il affirmé selon la chaîne de télévision locale SWR.
D'après le quotidien allemand Die Welt, la police de Karlsruhe a ouvert une enquête contre l'AfD du district après avoir été informée de la situation sur les réseaux sociaux. Aucune plainte n'a été déposée à ce stade, est-il précisé. "Toutes les informations sont actuellement en cours de collecte puis transmises au parquet", note le journal.
"Sur quoi essaient-ils d’enquêter?", a réagi auprès du média local Badische Neueste Nachrichten (BNN) le porte-parole de district de l'AfD Karlsruhe, Marc Bernhard. "Le dépliant ne demande que des choses qui sont également prévues par la loi", a continué le député.
Le député AfD du Bade-Wurtemberg, Markus Frohnmaier, a quant à lui déclaré auprès de la chaîne SWR qu'il "soutient les actions créatives des associations de district".
Selon le quotidien BNN, ces "billets d'expulsion" ont été rendus publics pour la première fois lors de la conférence du parti fédéral qui s'est tenue à Riesa, dans la Saxe, le 11 et 12 janvier. Une conférence au cours de laquelle a été élue la première candidate à la chancellerie de l'histoire du parti, Alice Weidel, la présidente de l’AfD.