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Allemagne: 27 membres d'un réseau d'extrême droite qui prévoyait un coup d'État mis en accusation

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Le parquet fédéral allemand a annoncé ce mardi la mise en accusation de 27 membres présumés d'un groupuscule d'extrême droite, estimant qu'ils envisageaient de renverser les institutions démocratiques allemandes.

Un prince, d'anciens soldats d'élite, une ressortissante russe et une ex-députée d'extrême-droite: ce sulfureux casting complotiste, prêt à renverser les institutions allemandes, a été mis en accusation mardi par le parquet fédéral.

Près d'un an après le démantèlement de cette cellule nourrie à l'idéologie des "Reichsbürger" (citoyens du Reich, ndlr), une mouvance extrémiste, la justice allemande a demandé le renvoi en procès de 27 protagonistes, dont les responsables présumés du réseau.

Le groupuscule s'était structuré fin juillet 2021, avec une organisation quasi gouvernementale, en vue d'un coup d'Etat, selon les conclusions des procureurs.

Il "préparait avec un groupe armé une intrusion dans le Bundestag, la chambre basse du parlement allemand à Berlin, pour y arrêter les députés et renverser le système", écrit le parquet fédéral.

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380 armes à feu et au moins 148.000 munitions

Le vaste coup de filet contre cette cellule, le 7 décembre 2022, avait choqué l'Allemagne, mettant en lumière les ressorts de la menace complotiste et d'extrême droite.

Le réseau s'était doté d'un conseil dont les membres avaient différents attributions : "militaire", "intérieur", "santé, "affaires étrangères" et "justice". A partir de février 2022, les membres du conseil organisaient des réunions régulières. "Dans cet objectif, ils avaient recruté du personnel militaire, acheté des équipements et s'entrainaient aux tirs", décrit le parquet.

"Il était clair pour les membres (du groupuscule, ndlr) que la prise de pouvoir en préparation impliquerait la mort de personnes", constate-t-il encore.

Les moyens financiers de la cellule s'élevaient à "environ 500.000 euros". Elle disposait d'un "arsenal d'environ 380 armes à feu, de près de 350 armes blanches ainsi que 500 autres armes et au moins 148.000 munitions", ajoute le parquet.

Les membres de l'association avaient également acheté une variété d'autres équipements militaires, y compris des casques balistiques, des gilets pare-balles, des appareils de vision nocturne et des menottes. Avec le temps, l'association s'est de plus en plus isolée de l'extérieur.

Les membres et les personnes intéressées devaient signer une déclaration de confidentialité. "Toute violation de cette déclaration devait être considérée comme une trahison et punie de la peine de mort".

La mise en accusation ouvre la voie à un probable procès dont les dates ne sont pas encore connues. Les autorités allemandes ont classé ces dernières années la violence d'extrême droite au premier rang des menaces à l'ordre public, avant le risque jihadiste.

Plusieurs réseaux ont été démantelés depuis deux ans, dont l'un planifiait l'enlèvement du ministre de la Santé, à l'origine des mesures de restriction anti-Covid. Sur les quelque 20.000 militants estimés de la mouvance des Reichsbürger en Allemagne, qui contestent l'autorité de l'Etat républicain, une frange s'est radicalisée, intégrant notamment des négationnistes et envisageant le recours à l'action violente.

A.G avec AFP