Allemagne, Autriche, Royaume-Uni... Ces pays qui suspendent les demandes d'asile de réfugiés syriens

Des réfugiés syriens à Reyhanli, à la frontière turco-syrienne, le lundi 9 décembre 2024. - Ozan KOSE / AFP
Après la chute du régime de Bachar al-Assad ce week-end, de nombreux pays européens n'ont pas tardé à revoir leur politique d'asile à l'égard des réfugiés syriens. Ce lundi 9 décembre, l'Allemagne, l'Autriche, la Norvège, le Danemark, la Belgique, le Royaume-Uni, l'Italie et la Suède ont annoncé suspendre l'examen des demandes d'asile déposées par les réfugiés en provenance de ce pays.
De son côté, le ministère français de l'Intérieur envisage de prendre une mesure similaire, a appris BFMTV auprès de Beauvau, qui précise qu'une décision devrait être prise dans les prochaines heures par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
"4.465 demandes d'asile ont été introduites à l'Ofpra par des ressortissants syriens en 2023 et environ 2.500 depuis le début de l'année 2024. Aujourd'hui, environ 700 demandes (mineurs inclus) sont toujours en cours de traitement à l'Office", précise l'Ofpra dans un communiqué de presse.
Berlin évoque une situation "très confuse"
L'Allemagne, pays de l'UE qui accueille la plus importante diaspora syrienne avec près d'un million de personnes a justifié sa décision par "l'incertitude" qui règne à Damas, a indiqué la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser.
De nombreux Syriens qui ont trouvé refuge en Allemagne depuis la grande crise migratoire des années 2015-2016 "ont désormais enfin l'espoir de retourner dans leur patrie syrienne et de reconstruire leur pays", a affirmé la ministre social-démocrate, même si "les possibilités concrètes de retour ne sont pas encore prévisibles pour le moment" et que la situation reste "très confuse" et "volatile" sur place.
En Allemagne, le débat fait irruption dans la campagne électorale en vue des législatives du 23 février et le député conservateur (CDU) Jens Spahn a proposé "d'affréter des avions" et d'allouer une prime de mille euros à "tous ceux qui veulent rentrer en Syrie".
La CDU devance dans les intentions de vote le parti d'extrême droite AfD, dont l'entrée au Parlement, en 2017, a suivi la crise des réfugiés de 2015-2016. "Quiconque célèbre la 'Syrie libre' en Allemagne n'a apparemment plus aucune raison de fuir" et "devrait retourner en Syrie immédiatement", a estimé Alice Weidel, cheffe de file de l'AfD.
Amnesty International a fustigé le "signal totalement erroné" envoyé par Berlin avec le gel de l'examen des demandes d'asile, qui concerne selon l'ONG "près de 50.000 personnes". "Le prix" d'une réévaluation de la situation à Damas "ne devrait pas être payé par ceux qui tentent depuis des années de se construire une nouvelle vie", déplore l'ONG tandis que le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés a appelé à "la patience et la vigilance" sur la question du retour des réfugiés syriens dans leur pays.
L'Autriche a un "programme d'expulsion"
"Compte tenu de la situation, il n'est tout simplement pas possible d'évaluer les motifs de protection à l'heure actuelle", a pour sa part déclaré dans un communiqué Carl Bexelius, responsable des affaires juridiques à l'Office des migrations en Suède, le deuxième pays de l'Union européenne à avoir accuilli le plus grand nombre de Syriens en 2015 et 2016
Le ministre de l'Intérieur autrichien est allé plus loin en annonçant également "un programme de rapatriement et d'expulsion vers la Syrie". "La situation politique en Syrie a fondamentalement changé", a avancé Gerhard Karner.
Environ 7.300 dossiers en cours sont concernés par cette décision parmi les quelque 100.000 Syriens vivant en Autriche, l'un des pays qui en a accueilli le plus en Europe. Le cas de ceux qui se sont déjà vu accorder l'asile va également être réexaminé. Le regroupement familial est de même suspendu. Depuis 2015, environ 87.000 Syriens ont reçu une réponse positive à leur demande d'asile dans le pays de neuf millions d'habitants.