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États-Unis: si vous arrivez à passer 10 heures horribles dans ce manoir terrifiant, vous empochez 20.000 dollars

Les participants peuvent être bâillonnés, enfermés, noyés...

Les participants peuvent être bâillonnés, enfermés, noyés... - Youtube McKamey 2013 - Montage BFMTV

Électrocution, coups, simulacre de noyade, cafards en guise de repas... Ce manoir de l'horreur propose aux participants de vivre une expérience terrifiante, tellement poussée que pour y prendre part, il faut signer une décharge de 40 pages. Celui qui tiendra 10 heures empochera 20.000 dollars.

Après être passé par ce manoir, toutes les maisons hantées vous paraîtront bien fades. Dans la ville américaine de Summertown (Tennessee) Russ McKamey a ouvert depuis environ deux ans le "Manoir McKamey". L'expérience avait existé pendant près de dix ans à San Diego (Californie) auparavant. À l'intérieur de cette demeure de l'horreur, toute une série d'événements terrifiants peuvent vous arriver: vous pouvez être électrocuté, frappé, étranglé, subir un simulacre de noyade et même être enterré vivant.

"C'est une expérience dure, intense, et vraiment effrayante (...) chaque invité sera mentalement et physiquement défié jusqu'à ce qu'il atteigne son point de rupture", prévient le site web du Manoir

Le site assure que les "activités" de l'expérience sont régulièrement changées, et que chaque participant a un tour personnalisé. Outre des installation (frigos, cages, chaînes...) des acteurs sont là pour vous faire subir des sévices horrifiants. Il suffit de jeter un oeil aux photos de la galerie du Manoir.

Un contrat de 40 pages "effrayant"

Pour pouvoir participer à ce film d'horreur réel, de nombreuses règles sont listées sur le site: être âgé de plus de 18 ans (entre 18 et 20 ans une autorisation parentale est réclamée), obtenir un certificat médical concernant la condition physique et mentale, une preuve d'assurance médicale, accepter d'être filmé et photographié, passer un test de drogue le jour du défi, et, clou du spectacle, signer un contrat de 40 pages.

"Le contrat en lui même est tellement effrayant que certaines personnes arrêtent immédiatement" l'expérience, écrit le journal local Nashville Scene, qui a réalisé en 2018 un long reportage sur ce manoir, son propriétaire, et ses participants.

Parmi les dizaines de règles à accepter: se faire raser la tête et les sourcils, avoir les doigts potentiellement cassés par les "pièges à souris utilisés lors de l'expérience", être exposé à des températures extrêmes, avoir les mains et les pieds liés ou encore se faire arracher une dent. À noter que chaque participant peut choisir de refuser deux règles sur les quarante pages de l'accord. Il doit aussi déterminer une safe phrase - soit un "mot de passe de sécurité" - permettant de signifier quand l'expérience est devenue trop dure à supporter, que la personne veut quitter le jeu.

Au-delà de ces règlements, le tour n'est pas payant. Il faut simplement ramener au propriétaire Russ McKamey un gros sac de croquettes pour chiens. Pour arriver au bout du jeu, le participant doit tenir 10 heures et réussir à accéder à une certaine "Huntsville". Il obtiendra alors 20.000 dollars (soit environ 18.000 euros). En revanche, à chaque activité perdue, le joueur perd 500 dollars (450 euros), ou simplement quand il jure, car il est interdit de jurer dans cette demeure.

"Une chambre de torture déguisée"

Brandon Vance, ancien militaire, raconte au Nashville Scene avoir tenu moins d'une minute lors de sa première expérience, environ trois minutes la deuxième fois. Il a paniqué alors qu'il était plongé dans une tranchée remplie d'eau. Un autre témoigne avoir abandonné avant même que le chronomètre arrive à 60 secondes.

Mais si ces deux participants sont prêts à revivre ces shots d'adrénaline, d'autres se sont dits traumatisés par l'expérience. Une pétition recueillant plus de 77.000 signatures - à l'écriture de cet article - qualifie le manoir de "chambre de torture déguisée".

"Il y a eu des témoignages racontant que la torture avait continué même après que [les joueurs] aient répété leur mot de sécurité pendant plusieurs minutes. Un homme a tellement été torturé qu'il s'est évanoui à plusieurs reprises, les employés ont arrêté uniquement parce qu'ils pensaient l'avoir tué", est-il écrit dans la pétition qui parle aussi "d'agression sexuelle".

Dans le journal local de Nashville, une femme, restée deux heures dans la maison de l'horreur, déclare avoir été enterrée vivante (avec une paille pour respirer), tasée, frappée au visage, fouettée et avoir "encore des cicatrices" de son passage chez McKamey. Elle assure avoir dû répéter le mot de passe de sécurité à plusieurs reprises avant d'être sortie du jeu, puis obligée par le propriétaire de dire face à la caméra que l'expérience était "géniale". 

"Vous pouvez aussi mourir à Disneyland"

Dans le Washington Post, Russ McKamey assure que les autorités surveillent son activité, et qu'il appelle la police avant chaque nouveau tour. Accusé de faire prendre des drogues hallucinatoires aux participants, lui raconte utiliser des techniques psychiques: "sous hypnose, si vous faîtes croire à quelqu'un que quelque chose de vraiment effrayant est en train d'arriver, c'est juste dans leur tête, ce n'est pas la réalité".

Qu'importe les critiques, le Manoir est un vrai succès, et en 30 ans d'activité, Russ McKamey revendique des participants venant des 50 États américains, mais aussi d'Europe, et même du Koweït.

"Personne n'a jamais été blessé" déclare Russ McKamey au Washington Post, avant de faire quelques précisions contradictoires: "Personne n'a jamais poursuivi en justice, jamais. Il y a eu une crise cardiaque une fois, mais cette personne va bien maintenant. Les gens peuvent ressortir avec des bosses, des bleus, des entorses ou des coupures, mais vous pouvez aussi mourir à Disneyland".

Jusque là, personne n'a réussi à aller au bout de l'expérience.

Salomé Vincendon