Brésil: le bilan d'une mutinerie en prison s'élève à 60 morts

Des familles de détenus réunies devant la prison de Manaus, le 2 janvier 2016. - Marcio SILVA - AFP
Massacre en règle, détenus décapités et bilan extrêmement lourd: une mutinerie a fait 60 morts dans une prison de Manaus (nord du Brésil) dans la nuit de dimanche à lundi, un bain de sang provoqué par la guerre entre factions criminelles.
Une émeute de 17 heures
La mutinerie, pendant laquelle 12 surveillants ont été pris en otage, a duré 17 heures entre dimanche après-midi et lundi matin dans le complexe pénitentiaire Anisio Jobim (Compaj), située en périphérie de Manaus. "Il s'agit du plus grand massacre commis dans une prison en Amazonie", a souligné le secrétaire de l'Etat d'Amazonie à la Sécurité publique Sergio Fontes lors d'une conférence de presse, précisant qu´"un grand nombre de détenus ont été décapités".
Des dizaines de détenus, profitant des troubles, ont tenté de s'échapper. 40 fugitifs sur un total de 87 ont déjà été repris.
De nombreux membres des familles des prisonniers se sont massés devant la prison dès les premières heures de lundi, mais les autorités n'ont toujours pas révélé l´identité des victimes. Des photos circulant sur les réseaux sociaux et prises soit par des détenus soit par des policiers après le massacre montrent des scènes insoutenables de carnage. On y voit des dizaines de corps empilés, la plupart sans tête, ce qui rend plus difficile l'identification des morts.
Des prisons contrôlées par les trafiquants
Les mutineries sont fréquentes dans les prisons surpeuplées du Brésil, qui sont contrôlées en interne par ces factions criminelles. Avec 622.000 détenus recensés par le ministère de la Justice fin 2014, le Brésil compte la quatrième population carcérale au monde, derrière les États-Unis, la Chine et la Russie. Pour faire face à la pression carcérale, le pays devrait augmenter de 50% la capacité de ses prisons, selon un rapport du ministère.
En octobre, une autre mutinerie avait déjà fait 33 morts dans deux prisons de la région amazonienne, dans les Etats de Rondonia, frontalier avec la Bolivie, et de Roraima, limitrophe avec le Venezuela. À Manaus, les règlements de compte entre narcotrafiquants incarcérés ont pris une ampleur sans précédent depuis le massacre de Carandiru, qui a fait 111 morts en 1992, à Sao Paulo.