Brésil: la cour suprême va réexaminer la demande de libération de Lula

Manifestation devant le ministère de la Justice pour demander la libération de Lula, le 10 juin 2019 à Brasilia - EVARISTO SA, AFP
Alors que le site d'investigation en ligne The Intercept, publiait dimanche des révélations accablantes semant le doute dans l'enquête Lava Jato qui a conduit l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva en prison, la cour suprême du Brésil a décidé ce lundi de rouvrir le débat sur sa demande de libération.
L'ex-président (2003-2010), 73 ans, purge depuis avril 2018 une peine de 8 ans et 10 mois de prison pour l'obtention d'un triplex avec vue sur la mer en guise de pot-de-vin de la part d'une entreprise de BTP, en échange de contrats avec le groupe pétrolier étatique Petrobras.
Cette affaire intervient dans le cadre du vaste scandale de corruption Petrobas qui a secoué le Brésil et donné lieu à l'arrestation et l'emprisonnement de plusieurs personnalités politiques.
Selon la presse brésilienne, le juge à la cour suprême Gilmar Mendes devrait également se prononcer dans les semaines à venir sur un autre recours des avocats de Lula. Ce recours met en doute l'impartialité de l'ex-juge Sergio Moro, qui a condamné Lula en première instance en 2017, et qui a depuis été nommé ministre de la Justice et de la Sécurité publique en janvier par le président d'extrême droite Jair Bolsonaro.
Des révélations accablantes
The Intercept a lancé dimanche de lourdes accusations de partialité politique après avoir eu accès à un grand volume de messages privés échangés notamment sur Telegram entre les procureurs et le juge Moro, chargés de l'opération Lavage express, grâce à "une source anonyme".
Les responsables, accusés de "tromperies systématiques" et de "manque d'éthique", auraient conspiré pour empêcher Lula de se représenter à la présidentielle de 2018 alors qu'il était largement en tête des sondages et qu'il a toujours clamé son innocence.
Dans les discussions auxquelles a eu accès The Intercept, le procureur principal, Deltan Dallagnol, fait entre autre part de ses doutes à Sergio Moro. Il confie, par exemple, ne pas être certain que le triplex appartienne à Lula et ne pas être convaincu qu'il ait un quelconque lien avec l'affaire Lava Jato. Doutes, qui n'ont jamais été mentionnés publiquement et qui pourraient signaler que les magistrats étaient influencés par leur ligne politique, ce qu'ils avaient toujours réfuté.
Ils auraient également chercher à discréditer le Parti des travailleurs et Fernando Haddad, ancien maire de Sao Paulo et candidat à l'élection présidentiel à la suite de l'inéligibilité de Lula, le but étant d'éviter à tout prix un nouveau mandat de la gauche brésilienne.