Barak fait miroiter aux Palestiniens un compromis sur Jérusalem

A la veille de la reprise à Washington de négociations de paix directes entre Israéliens et Palestiniens, l'Etat juif semble avoir fait un geste significatif sur l'épineuse question de Jérusalem, par la voix du ministre de la Défense Ehud Barak. Le leader - -
par Matt Spetalnick et Joseph Nasr
WASHINGTON/JERUSALEM (Reuters) - A la veille de la reprise à Washington de négociations de paix directes entre Israéliens et Palestiniens, l'Etat juif semble avoir fait un geste significatif sur l'épineuse question de Jérusalem.
Israël, qui en avait pris aux Arabes en 1967 la partie orientale où sont situés les lieux saints les plus vénérés des trois grandes monothéistes, avait proclamé l'ensemble de la ville sa capitale réunifiée et indivisible à jamais.
Mais, dans une interview parue mercredi dans le journal israélien Haaretz, le ministre de la Défense et leader travailliste Ehud Barak affirme que l'Etat juif serait disposé dans le cadre d'un accord global à accepter un "régime spécial" pour une ville qui cristallise toutes les passions dans la région.
"Jérusalem-Ouest et 12 quartiers juifs qui abritent 200.000 habitants seraient à nous. Les quartiers arabes dans lesquels vivent près d'un quart de million de Palestiniens seraient à eux", propose Ehud Barak, ancien Premier ministre.
"Un régime spécial serait mis en place, basé sur des arrangements convenus (entre les parties) dans la Vieille Ville, le mont des Oliviers et la Ville de David", dit encore Ehud Barak.
Il a estimé que la mort, mardi, de quatre Israéliens tués par des activistes palestiniens près de Hébron, en Cisjordanie, ne devait pas paralyser les pourparlers de Washington, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu, chef du Likoud et rival de Barak, dirigera la délégation israélienne.
DES IDÉES PAS TOUT À FAIT NOUVELLES
Netanyahu, dont le gouvernement de coalition est - exception faite des travaillistes - dominée par les partis de la droite israélienne, ne s'est jamais montré très enthousiaste à l'idée d'une nouvelle partition de la Ville sainte, dont l'annexion par Israël n'est reconnue par aucun pays de la communauté internationale.
Les Palestiniens revendiquent la partie occupée en 1967 comme la capitale de leur futur Etat indépendant. Les idées émises par Barak - une redivision en deux de la ville et un régime spécial pour les lieux saints - ne sont pas tout à faire nouvelles.
L'ancien Premier ministre Ehud Olmert avait, il y a à peu près deux ans, formulée des suggestions analogues lors de discussions avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, mais elles n'avaient pas abouti.
Les propositions de Barak prévoiraient que les colonies juives isolés autour de Jérusalem seraient "rapatriées" en territoire israélien. En revanche, une présence militaire israélienne le long de la vallée du Jourdain et des "arrangements de sécurité" apaiseraient les inquiétudes de l'Etat juif sur son existence.
Le président Barack Obama, qui avait fait il y a un an et demi d'un règlement rapide du conflit israélo-palestinien une priorité de son mandat, devait rencontrer séparément Netanyahu et Mahmoud Abbas dans la soirée de mercredi.
Il les retiendra tous les deux à dîner pour préparer, en compagnie aussi du roi Abdallah de Jordanie et du président égyptien Hosni Moubarak, le "plat de résistance" des négociations de fond qui débuteront jeudi au département d'Etat, et où le chef de la Maison blanche jouera une partie de son crédibilité au Proche-Orient.
Marc Delteil, pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet