Au moins 30 migrants portés disparus après le chavirement de deux bateaux au large de Lampedusa

Des migrants dans une embarcation en bois sont secours par l'équipe de SOS Méditerranée et recueillis sur le bateau Ocean Viking, au large de l'île de Lampedusa, le 25 juin 2020. (Photo d'illustration). - Shahzad ABDUL © 2019 AFP
Au moins 30 migrants sont portés disparus après le chavirement de deux bateaux au large de l'île italienne de Lampedusa, selon le témoignage d'un survivant, a annoncé ce dimanche l'Agence internationale pour les migrations (OIM) de l'ONU.
Environ 28 passagers de l'un des bateaux et trois du deuxième sont perdus en mer, après que les bateaux ont chaviré en raison des mauvaises conditions météorologiques, a précisé l'OIM.
Les bateaux était des petites embarcations de métal apparemment parties jeudi de Sfax, en Tunisie.
Après avoir parlé avec des survivants, les responsables de l'OIM estiment que "au moins 30 personnes ont disparu", a précisé à l'AFP l'attaché de presse Flavio Di Giacomo. Les garde-côtes italiens ont pu récupérer 57 survivants et ont retrouvé deux corps, ceux d'une femme et d'un mineur.
Ils ont diffusé ce dimanche des images saisissantes du sauvetage, montrant les migrants montant et descendant avec les immenses vagues, tandis que le navire des garde-côtes montait et plongeait lui aussi en tentant de les atteindre.
On y voit des migrants tentant de monter à bord du vaisseau ballotté par les vagues, tandis que d'autres s'arrochent désespérément les uns aux autres, formant une chaîne humaine.
Une mer très agitée
Une enquête sur les naufrages a été ouverte à Agrigente, en Sicile voisine.
Le chef de la police d'Agrigente, Emmanuele Ricifari, qui est chargé de l'enquête, a souligné que le mauvais temps était annoncé. "Ceux qui leur ont permis de partir, ou les ont forcés à partir, sont des fous criminels sans scrupules", a-t-il déclaré aux médias italiens.
"Une mer bien agitée est prévue pour les jours qui viennent. Espérons qu'ils vont arrêter" de faire partir des gens, "par cette mer, c'est les envoyer à l'abattoir", a-t-il ajouté.
Des migrants piégés par les vagues et la météo
Alors que le mauvais temps persistait dimanche, des équipes de secours ont commencé à mettre en sécurité des migrants piégés dans une zone rocailleuse de la côte de Lampedusa.
Les migrants, d'abord estimés à une vingtaine mais qui sont finalement plus nombreux, peut-être plus près de 40 selon les secouristes, se trouvaient là depuis vendredi soir après que des vents violents eurent drossé leur bateau sur les rochers.
La Croix-Rouge leur a fourni de la nourriture, de l'eau, des vêtements et des couvertures de survie mais les garde-côtes n'ont pu les secourir par la mer en raison de la hauteur des vagues.
Malgré le vent, les secouristes aidés d'appareils des forces aériennes ont commencé dimanche à les treuiller jusqu'en haut des 140 mètres de la falaise.
La route la plus meurtrière au monde
La route de la Méditerranée centrale depuis l'Afrique du Nord vers l'Europe est la plus meurtrière au monde.
Plus de 1800 personnes sont mortes depuis le début de l'année en tentant de l'emprunter, selon Flavio Di Giacomo. C'est près de 900 de plus que l'année dernière.
"La vérité, c'est que ce chiffre est vraisemblablement plus élevé", a souligné l'attaché de presse. "Beaucoup de corps sont retrouvés en mer, ce qui suggère qu'il y a beaucoup de naufrages dont nous n'entendons jamais parler".
Le nombre de corps retrouvés en mer s'est accru, en particulier sur ce qui est appelé la route tunisienne, devenue de plus en plus dangereuse en raison du type de bateaux utilisé, a ajouté Flavio Di Giacomo.
Les passeurs font prendre la mer aux migrants subsahariens "sur des bateaux de fer qui coûtent moins cher que les habituels bateaux en bois mais sont totalement inaptes à la navigation en mer, ils se brisent facilement et coulent", a-t-il expliqué. Et souvent les migrants doivent subir en mer le vol des moteurs de leurs bateaux pour que les passeurs puissent les réutiliser.
Près de 92.000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, deux fois plus que la même période de l'an dernier, selon les autorités italiennes.