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Asie

Un enfant "né dans le monde libre": comment le Dalaï Lama envisage sa succession avant ses 90 ans

Le Dalaï Lama, ici photographié en 2023.

Le Dalaï Lama, ici photographié en 2023. - Sanjay Baid

Le Dalaï Lama, qui fête cette semaine ses 90 ans, souhaite avoir un successeur. Ce dernier sera choisi dans "le monde libre", a-t-il assuré, alors que la Chine fait pression sur l'institution religieuse tibétaine.

Le Dalaï Lama, qui fêtera ses 90 ans dimanche, a confirmé ce mercredi 2 juillet qu'un successeur serait désigné à sa mort pour assurer la continuité de sa fonction de chef spirituel de la communauté tibétaine, une décision très attendue et qui sonne comme un défi à la Chine.

"J'affirme que l'institution du Dalaï Lama sera perpétuée", a-t-il indiqué dans un message lu lors d'une réunion religieuse à McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où il vit en exil.

La question de sa succession est cruciale car les Tibétains soupçonnent la Chine de vouloir lui nommer un successeur à sa main.

"Né dans le monde libre"

"La responsabilité (de la nomination d'un successeur, ndlr) reposera exclusivement sur les membres du Ganden Phodrang Trust, le bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama", est-il précisé.

"Ils conduiront les procédures de recherche et de reconnaissance (du successeur) en accord avec la tradition passée", a-t-il poursuivi, "personne d'autre n'a l'autorité requise pour se mêler de cette question".

L'actuel Dalaï Lama, considéré comme un dangereux séparatiste par Pékin, avait déjà publiquement écarté l'idée que le 15e Dalaï Lama puisse être nommé par les Chinois.

Il sera forcément "né dans le monde libre", a-t-il promis publiquement à de nombreuses reprises.

Enfant enlevé

En 1995, la Chine avait enlevé et placé en détention un enfant de 6 ans que le Dalaï Lama venait de désigner comme Panchen Lama, l'autre figure religieuse tibétaine de premier plan. Pékin avait dans la foulée nommé à ce titre le candidat de son choix, aussitôt rejeté par les Tibétains comme le "faux Panchen".

Même si ces dernières années, le Dalaï Lama a suggéré l'idée qu'il pourrait être le dernier, une majorité de Tibétains était favorable à la poursuite du "cycle de la réincarnation".

Dans son message, il a fait état mercredi des nombreuses sollicitations de sa communauté en faveur de la prolongation de sa charge. "J'ai reçu en particulier, par divers moyens, de nombreux messages de Tibétains du Tibet répétant ce même appel", a-t-il indiqué.

Choisi à l'âge de 2 ans

Né le 6 juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l'état civil est devenu dès l'âge de deux ans le quatorzième chef spirituel et politique des Tibétains, dûment identifié par la tradition bouddhiste, comme la réincarnation de son prédécesseur.

Les bouddhistes tibétains croient que les Dalaï Lama sont une réincarnation du "bodhisattva de la compassion", qui a fait le voeu de renaître pour aider tous les êtres vivants, plutôt que d'accéder au nirvana. Tous, à ce jour, étaient des hommes, reconnus lorsqu'ils étaient enfant et qui ont pris leurs fonctions à l'adolescence.

Tenzin Gyatso a été désigné par trois groupes de moines en 1936, notamment parce qu'il parvenait à pointer du doigt des objets qui avaient appartenu à ses prédécesseurs.

Le Dalaï Lama a fui le Tibet, sous contrôle de la Chine depuis 1950, et passe depuis l'essentiel de son temps dans un monastère de McLeod Ganj, dans les contreforts de l'Himalaya indien. En 2011, il a renoncé au pouvoir politique de sa charge, confiée à un Premier ministre, élu par la diaspora, et à un gouvernement en exil.

Lauréat en 1989 du prix Nobel de la paix, il incarne depuis dans le monde entier le combat pour la liberté du territoire himalayen. Les festivités organisées à l'occasion de son 90e anniversaire doivent se pousuivre jusqu'à la fin de la semaine.

FB avec AFP