Russie: l'opposant n°1 de Poutine condamné à cinq ans de camp

Alexeï Navalny a été reconnu coupable dans une affaire de détournement et arrêté sur le champ compte tenu de la "gravité du crime" et du "danger qu'il représente pour la société".

Alexeï Navalny, l'opposant numéro un du président russe Vladimir Poutine, a été reconnu jeudi coupable dans une affaire de détournement qu'il dénonce comme fabriquée de toutes pièces. Le jeune avocat de 37 ans a été condamné à cinq ans de camp compte tenu de la "gravité du crime" et du "danger qu'il représente pour la société".

L'opposant a été menotté et arrêté immédiatemment dans la salle du tribunal de Kirov, à 900 km à l'est de Moscou. "Le tribunal a établi que Navalny a organisé cet acte criminel et a dirigé la mise en oeuvre de ce détournement à grande échelle", a déclaré le juge Sergueï Blinov au début de l'énoncé du jugement.

Alexeï Navalny a appelé, via son directeur de campagne, au boycott de l'élection du maire de Moscou à laquelle il était candidat contre le maire sortant Sergueï Sobianine, un proche du président Vladimir Poutine.

Jugé depuis le 17 avril par le tribunal de Kirov, l'homme de 37 ans est accusé d'avoir organisé en 2009 le détournement de 16 millions de roubles (400.000 euros) au détriment d'une exploitation forestière, Kirovles, alors qu'il était consultant du gouverneur libéral de la région.

Des accusations "absurdes" selon ses soutiens

"'Il a organisé.' Donc il n'y aura pas de belle scène d'acquittement", a aussitôt réagi sur Twitter l'opposant, qui a toujours qualifié les accusations formulées contre lui d'"absurdes".

L'Union européenne, par la voix de Catherine Ashton, a de son côté exprimé sa "préoccupation" après la condamnation, estimant qu'elle soulevait "de sérieuses questions" sur l'état de droit en Russie. Le chargé des questions russes pour le gouvernement allemand, Andreas Schockenhoff, a lui qualifié de "procès spectacle" la condamnation d'Alexeï Navalny. Londres a déploré de son côté une "justice sélective".

Alexeï Navalny, enregistré mercredi comme candidat à l'élection du maire de Moscou le 8 septembre, et qui a déclaré son intention de briguer la présidentielle de 2018, ne sera plus éligible si sa condamnation est confirmée en appel.

M. T. et S. A. avec AFP