Poutine vante le "savoir encyclopédique" de Chirac

Jacques Chirac avait remis à Vladimir Poutine en 2006 les insignes de Grand-Croix de la Légion d'honneur. - Itar-Tass / AFP
Vladimir Poutine serait-il nostalgique? Evoquant la guerre en Irak menée par les Etats-Unis, et le refus en 2003 de l'Allemagne, de la France et de la Russie d'y prendre part, Vladimir Poutine a expliqué avoir eu des contacts appuyés avec ses homologues de l'époque, Jacques Chirac et le chancelier allemand Gerhard Schröder.
"Chirac, qui a des relations proches, intimes avec la partie sunnite du Moyen-Orient -d'ailleurs, il possède un savoir encyclopédique-, avait déjà prévu ce que provoquerait" cette guerre, a assuré le président russe, dans un documentaire diffusé dimanche par la télévision publique russe.
"Il avait prévu la destruction de ces Etats (la Libye et la Syrie, ndlr), que le terrorisme prospérerait, des attentats comme on en a vu à Paris. Chirac pensait à tout ça à l'époque, et il avait raison", a-t-il poursuivi dans l'interview pour ce documentaire tournée jeudi, après sa conférence de presse annuelle.
Une Légion d'honneur et une polémique
Chef de l'Etat de 1995 à 2007, Jacques Chirac avait été le chef de file du "camp de la paix" contre la guerre en Irak en 2003, déclenchée par le président américain George W. Bush.
Le dirigeant à la tête de la Russie depuis 15 ans entretenait une bonne relation avec l'ancien Président. Jacques Chirac lui avait ainsi remis en 2006 les insignes de Grand-Croix de la Légion d'honneur. Si le Français avait pris soin de ne pas convier la presse à cette cérémonie très privée, son homologue russe avait, lui, invité un caméraman et un photographe, racontait L'Express.
Les images de la cérémonie dans les salons de l'Élysée avaient ainsi rapidement gagné la France via Dailymotion, non sans faire polémique.
Reporters sans frontières (RSF) avait dénoncé une cérémonie "choquante". "Qu'un prédateur de la liberté de la presse soit élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur est une insulte faite à tous ceux qui, en Russie, luttent pour la défense de la liberté de la presse, la liberté d'être informé et pour l'existence d'une démocratie effective dans ce pays", s'était insurgée l'organisation.
"Agir soigneusement"
Tourné par la chaîne de télévision publique Rossiya 1, ce film documentaire initulé "L'Ordre mondial" fait aussi intervenir l'ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn ou l'ex-président pakistanais Pervez Musharraf. Le président russe y affirme notamment ne pas avoir pour objectif de recréer l'URSS.
"Concernant l'Ukraine et l'espace post-soviétique, je suis convaincu que la position de nos partenaires occidentaux n'est pas liée aux intérêts de l'Ukraine: elle est liée à leurs tentatives d'empêcher le rétablissement de l'URSS", a-t-il déclaré. "Mais personne ne veut nous croire, ne veut croire que nous n'avons pas comme objectif de recréer l'Union soviétique", a Vladimir Poutine.
Evoquant les opérations militaires menées au cours de la dernière décennie par des armées occidentales en Afghanistan, en Irak ou en Libye, Vladimir Poutine a également dénoncé l'attitude de l'Occident, qui se croit "infaillible" tandis que lui a toujours "eu pour position d'agir soigneusement".