BFMTV
Corée du Nord

L'épouse de Kim-Jung un élevée au rang de "première dame respectée"

Kim-Jung un et son épouse Ri Sol-ju

Kim-Jung un et son épouse Ri Sol-ju - KNS-KCNA-AFP

Ri-Sol ju, l'épouse du dictateur nord-coréen, a reçu le titre de première dame. Objectif: ressembler à un État normal avant les sommets avec la Corée du Sud et les États-Unis.

Le dirigeant nord-coréen Kim-Jong un a décerné à son épouse le titre de "première dame", une notable montée en grade avant deux sommets successifs avec la Corée du Sud et les États-Unis, soulignent les analystes.

Ri-Sol ju accompagne souvent son mari lors d'événements officiels mais elle a fait sa première apparition publique en solo pour assister au ballet d'une troupe chinoise. Les médias officiels nord-coréens ont relaté cette sortie en la qualifiant de "première dame respectée". C'est la première fois en quarante ans que cette formule est utilisée, accompagnée en outre d'un adjectif d'ordinaire réservé aux dirigeants.

Une ancienne chanteuse

La présentatrice star de Corée du Nord, Ri-Chun hee, à qui revient souvent l'honneur d'annoncer les grandes nouvelles, a mentionné l'événement à la télévision, renforçant encore son rang. Ri-Sol ju était alors accompagnée des hauts responsables nord-coréens que l'on voit souvent aux côtés de Kim Jong Un, dont sa sœur cadette Yo jong.

Cette ancienne chanteuse est considérée par les spécialistes comme une femme d'influence, mais jouait le rôle limité de l'épouse chic du leader d'une Corée du Nord profondément patriarcale. D'après les analystes, il est vraisemblable que sa prise de galons participe des efforts du pays pour ressembler à un "État normal" avant les sommets avec le président sud-coréen Moon Jae-in et son homologue américain Donald Trump. C'est aussi lui attribuer le même titre que leurs épouses Kim Jung-sook et Melania.

En visite officielle à Pékin

"La promotion de Ri-Sol ju, c'est la stratégie marketing la plus efficace", commente An Chan-il, transfuge nord-coréen et chercheur à l'Institut mondial des études nord-coréennes. "Le sommet aura lieu entre égaux, si Melania Trump est présente, Ri-Sol ju sera présente", assure ce spécialiste. Il relève qu'elle a accompagné son époux à Pékin le mois dernier pour sa première visite à l'étranger depuis son arrivée au pouvoir fin 2011.

Les médias officiels qualifiaient jusque-là Ri-Sol ju de "camarade". L'appellation "première dame" avait été réservée la dernière fois à Kim-Song Ae, la seconde épouse du fondateur de la Corée du Nord, Kim-Il sung, en 1974.

Le personnage de Ri-Sol ju reste relativement mystérieux. Elle aurait 29 ans et aurait eu trois enfants, dont au moins une fille, avec le dictateur. Selon le renseignement sud-coréen, elle est issue d'une famille ordinaire, d'un père enseignant et d'une mère médecin. Ancienne membre de l'orchestre Unhasu, elle a poursuivi d'après la presse des études musicales en Chine. Elle était de l'escouade de pom-pom girls dépêchée au Sud en 2005 pour une compétition sportive internationale. 

Traumatisé par le statut de sa mère

Certains analystes pensent également que Kim-Jung un a souhaité renforcer son statut à cause de la marginalisation de sa propre mère, Ko-Yong hui. Coréenne du Japon, celle-ci avait eu trois enfants avec son père, Kim-Jong il. Mais durant ses vingt-huit années de mariage, elle a été reléguée en coulisses. Elle est morte en 2004, d'un cancer du sein selon la presse. Soignée à Paris, sa dépouille avait été rapatriée en secret à Pyongyang. 

Ce n'est qu'en 2012 qu'elle a eu droit à une tombe, après l'arrivée de Kim-Jung un au pouvoir. "Je crois que le traumatisme de Kim, d'avoir vu sa mère vivre dans l'ombre est un facteur", juge Shin Beom-chul, analyste à l'Institut Asan pour les études politiques. "Cela a pu le motiver pour rehausser le statut de sa femme".

À la différence de son père et de son grand-père, Kim-Jong un est souvent accompagné par les femmes de sa vie, essentiellement Ri-Sol ju et Yo Jong. Par le passé, on voyait rarement en public les épouses ou les sœurs des dirigeants. Le dictateur nord-coréen a ainsi dépêché sa sœur aux Jeux olympiques d'hiver organisés chez son voisin du Sud.

C.H.A. avec AFP