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Chine

Chine: un professeur renvoyé après des accusations publiques d'agressions et de harcèlement sexuels

Des étudiants chinois révisant dans un bâtiment d'une université à Pékin, le 30 mai 2013 (illustration)

Des étudiants chinois révisant dans un bâtiment d'une université à Pékin, le 30 mai 2013 (illustration) - WANG ZHAO / AFP

Une étudiante d'une université de Pékin a accusé le 21 juillet l'un de ses enseignants de la harceler sexuellement depuis deux ans. Le professeur a été exclu dès le lendemain.

L'université Renmin de Chine, située à Pékin, a annoncé le lundi 22 juillet avoir renvoyé l'un de ses professeurs, qui était accusé d'agression sexuelle. La veille, une étudiante avait publié sur les réseaux sociaux une vidéo où elle décrivait des faits de harcèlement et d'agressions de la part de son enseignant pendant deux ans.

"Parce que je l'ai rejeté, il s'est vengé au cours des deux dernières années en me menaçant de ne pas obtenir mon diplôme", y déclarait-elle, selon des propos rapportés par le New York Times.

L'enseignant renvoyé

Dès le jour de la publication, l'université a annoncé dans un communiqué publié sur le réseau social Weibo avoir mis en place un groupe de travail destiné à enquêter sur ces faits. Le lendemain, elle a confirmé le récit de l'étudiante, ajoutant que l'enseignant a "gravement trahi sa mission initiale d'enseigner et d'éduquer" et "violé la discipline du parti, les règlements scolaires et l'éthique professionnelle des enseignants".

L'université a annoncé que l'enseignant avait été exclu du Parti communiste et de l'établissement, son titre de professeur ayant été "révoqué". De son côté, sur Weibo, l'étudiante s'est déclarée "très reconnaissante à l'école d'avoir traité l'affaire avec rigueur et rapidité".

La police a également affirmé avoir ouvert une enquête sur ces faits, selon le média d'État China Daily.

Certaines pointent un manque de procédures pour ces cas en Chine

Si la réponse de l'université a été rapide, plusieurs personnes ont depuis souligné un problème plus large en Chine: celui du manque de procédures adéquates dans l'enseignement supérieur pour faire face aux violences sexistes et sexuelles.

L'activiste Feng Yuan, qui a fondé une ligne d'écoute pour les victimes de violences conjugales en Chine, a ainsi déploré que l'on parte "du principe que la victime doit révéler son identité et s'exprimer de cette manière" pour être entendue, selon des propos rapportés par le Guardian. Citée par le New York Times, elle a également déploré le choix de mots de l'université, qui a simplement parlé de "mauvaise conduite" de la part de l'enseignant: "s'ils évitent de parler de 'harcèlement sexuel', il est très difficile d'imaginer qu'ils prennent les violences sexuelles au sérieux".

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Lao Dongyan, professeure de droit à l'université Tsinghua, à Pékin, a déclaré sur Weibo espérer que "cet incident constituera un tournant qui changera l'atmosphère" des universités sur le sujet du harcèlement sexuel "et qu'il favorisera la mise en place d'un mécanisme" de lutte contre les violences sexuelles dans l'enseignement supérieur.

En 2023, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) de l'ONU a pointé "un manque de clarté des règlements interdisant le harcèlement sexuel au travail en Chine".

Sophie Cazaux